Dans la saga d'Elric de Melnibonée écrite par Morckook, l'épée Stormbringer est présentée comme une arme démoniaque, qui pousse son possesseur à tuer ceux qu'il aime. Mathématiquement, le nombre réel de morts provoqué par Stormbringer dans la dizaine de romans du cycle est très faible.
A la fin du dernier roman, le monde d'Elric a été détruit par un conflit opposant les dieux. L'épée alors prend forme démoniaque et s'en va. Implicitement le monde d'Elric détruit, les Jeunes Royaumes, est censé devenir notre monde actuel, la Terre. Certains détails prennent alors sens. Par exemple, Elric est le souverain d'une île, Melnibonée. Cette île, comme pour notre Angleterre, est censée avoir conquis l'ensemble du reste du monde par le passé, avant de se refermer dans un protectionnisme culturel et économique complet. L'île voisine de Melnibonée est la demeure des pires ennemies d'Elric. Ce sont les théocrates fanatiques de « Pan Tang » qui peuvent, par la sonorité du nom de l'île et l'opposition caricaturale, représenter les chrétiens d'Irelande opposé aux réformés d'Angleterre.
Cela n'explique pas pourquoi cette épée démoniaque commet, au fond, très peu d'actes démoniaques. Un élément central du récit nous donne peut être l'explication : Elric est définit comme un « champion eternel » un individu, qui apparait à toutes les époques, dans tous les univers sous différent aspect.
Or, on connait un autre héros qui, lui aussi, se définit, comme Elric, par son épée. Comme Elric a découvert cette arme, qui lui était destinée, dans les Limbes, Arthur Pendragon a trouvé Excalibur fichée dans un rocher pour lui seul.
Ces deux hommes ont dû se frotter à l'exercice de la royauté alors qu'il n'y était pas préparé. Elric est trop faible physiquement pour assumer sa fonction, Arthur, n'est qu'un paysan que la couronne encombre.
Quand le cycle d'Arthur se termine, le monde est détruit par un conflit qui oppose les forces du Roi à celles de Lancelot et de Mordred qui convoite le trône. Une guerre faite par amour pour Guenièvre, la reine qui a préféré un chevalier à son roi. A la fin, Arthur jette l'épée qui lui a donné le pouvoir dans un lac.
Cette épée, Excalibur, Elric la trouvera bien plus tard dans les Limbes. A lui aussi, elle accordera le pouvoir, et la puissance qui lui faisait défaut. Elric est le champion éternel, comme Arthur. Quand il apprend que son cousin Yrkoon a usurpé son trône, il rentre de son voyage, avec son épée magique, pour reconquérir le pouvoir.
Après une guerre violente dans les rues mêmes d'Imryr la capitale de Melnibonée, Elric affronte son cousin et le tue. Puis il va « libérer » la femme qu'il aime et qu'il sait « prisonnière » d'Yrkoon. Quand enfin il la trouve, Stormbringer a son premier acte démoniaque : L'épée tue la femme dont Elric était amoureux.
Ou plutôt Elric accuse l'épée d'avoir eu une volonté propre qu'elle n'a jamais eue. Elric accuse l'épée, parce que la femme qu'il aime est la nouvelle incarnation de Guenièvre. Elle n'a jamais aimé Elric, elle lui a préféré le cousin plus vigoureux Yrkoon. C'est pour cela qu'Elric tue cette femme. Et il préfère prétendre qu'il est envouté par une épée magique, plutôt que de reconnaitre que la jalousie seule, une jalousie veille de plusieurs millénaires depuis qu'Arthur a déjà déclaré une guerre pour cette femme qui le méprise ; que cette jalousie l'a poussé à tuer cette femme.
Stormbringer est une épée magique. Rien de plus. Son porteur, lui, est démoniaque.