Affichage des articles dont le libellé est Littérature. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Littérature. Afficher tous les articles

mercredi 27 avril 2016

Madame Bovary est un conte








Flaubert n'a jamais créé le roman réaliste.
Flaubert a écrit des contes. De son recueil clairement intitulé « trois contes » ; jusqu'à Bouvard & Pecuchet, qui n'est qu'une fable ; En passant par Salamnbo, cette épopée poétique ; Flaubert vise au merveilleux avec ténacité.

Il prétend que Madame Bovary est inspirée d'un fait divers bien réel. Il insiste dans le texte sur le détail réel et concret. Flaubert a dépensé beaucoup d'énergie à présenter son récit comme un fait réel. Cela même devrait nous mettre en garde.

Si l'auteur veille autant à ancrer son roman dans la réalité, c'est parce que c'est tout le contraire. Enfant, petit Flaubert a dû être exposé au récit qui fait sensation depuis sa parution au début du siècle (1808) : les contes de Grimm. Ces contes ont tant d'influence sur l'enfant, qu'il ne veut plus que faire des choses semblables. Ce que, une fois adulte, il veillera à créer avec application.

Un conte en particulier marque le futur écrivain. Il décide d'en relater sa propre version. Mais pour s'écarter au maximum de la source, il décide (à l'opposé de ses habitudes d'écriture féerique) d'en faire un récit très réel.

Comme Blanche Neige, Emma Bovary a la peau très pâle. Comme l'héroïne dans Grimm ses cheveux sont sombres, et elle est très belle.

La scène qui révèle complètement l'influence du conte sur Flaubert et la scène de fin du conte. Chez Grimm, la violence ne s'encombre pas délicatesse sous prétexte que le texte s'adresse à des enfants. Quand Blanche Neige marie le prince charmant, elle invite sa marâtre au mariage. Quand elle est là, elle la force à porter des chaussures de métal chauffé au rouge et à danser jusqu'à ce qu'elle meurt.

Flaubert enfant a été terrorisé par cette scène. Il la reprend avec autant de violence dans son roman. Charles prétend soigner le pied bot d'Hippolyte. Avec autant de détail, il décrit la découpe des tendons, puis la gangrène et la mort de ce personnage secondaire. Toute cette scène du pied bot n'illustre rien. Elle ne fait pas avancer l'intrigue, elle ne qualifie pas mieux les personnages. Elle est cruelle sans raison. Elle n'est là qu'en pendant à la mort de la marâtre de Blanche Neige.

Mais ce n'est pas tout. Autour d'Emma Bovary, il y a beaucoup de personnages secondaires. Combien ? Sept : Charles, Léon, Rodolphe, Monsieur Homais le pharmacien, Lheureux le préteur sur gage, Justin le commis et Binet le percepteur.

Ce que Flaubert n'a pas inclus dans sa ré-écriture c'est un prince charmant. Son récit s'arrête quand Emma mange le poison (la pomme empoisonnée).

Gageons que si le roman avait reçu un accueil favorable (au lieu d'un procès pour atteinte aux bonnes moeurs) nous aurions eu un tome deux.

mercredi 16 mars 2016

Gilgamesh est le récit d'une très très très vieille tradition orale






Il n'y a aucun récit célèbre dans l'histoire de l'humanité qui parle d'amitié.
Don Quichotte est plus le maitre de Sancho Panza, ou l'un est le faire-valoir de l'autre. Achille et Patrocle sont amants. Bouvard et Pecuchet sont les deux facettes de la même pièce, presque un seul individu.

L'amitié n'est pas un sujet de roman, même pas une bonne histoire. Au mieux elle cache un amour secret, au pire, ce n'est que la façon de séparé un personnage en deux.

Sauf pour la toute première histoire de tous les temps : L'épopée de Gilgamesh.

S'il faut raconter la première histoire que l'humanité a jamais écrite : alors c'est histoire de deux amis qui se rencontrent.
Gilgamesh est roi de Sumer. Civilisé, policé et puissant. Pour calmer son orgueil, les dieux créaient un être fruste, indomptable et tout aussi puissant : Enkidu.

Ce n'est pas un hasard que la première histoire de tous les temps soit la rencontre de 2 êtres dissemblables qui se liront d'amitié. C'est parce que cela a dû être l’histoire la plus perturbante de l'humanité, une histoire si perturbante qu'elle nous fascine encore alors que nous avons oublié l'avoir déjà vécu : la rencontre d'une autre race intelligente.

Il y a 40 000 ans, les Sapiens ont la peau noire. Ils sont fragiles, leur seule façon de survivre consiste à rester en groupe social et à chasser en épuisant leur proie. Des coureurs de fond sans fourrure pour les empêcher de transpirer avec des os légers et la pupille blanche qui permet d'indiquer en silence ce que l'on regarde.
Un jour, ils rencontrent une espèce complètement différente. Neandertal vit au nord, il a la peau claire pour absorber le soleil, ses muscles et ses os sont épais, il est lourd, il court mal. Ils vivent un tout petit groupe parce qu'ils sont puissants. Ils digèrent tout.

La rencontre est si traumatisante que les descendants la racontent pendant des milliers d'années au coin du feu. 
C'est pour cela qu'Enkidu est un homme des bois qui parlent aux animaux, c'est ainsi que les Sapiens ont vu Neandertal qui vivait en famille plutôt qu'en tribu. À manger parmi les bêtes avec sa mâchoire puissante.

Comme Gilgamesh apprivoise Enkidu en lui offrant une femme, les Sapiens ont dû agir de même. Nous en sommes le résultat.

Quand Sapiens  et Neandertal décident de vivre ensemble, les Sapiens décident de leur apprendre leur technique de chasse à la course. C'est exactement la façon dont Gilgamesh tue le monstre Humbaba : il l'épuise à la course. Que fait Enkidu, le guerrier invincible ? Participe au combat ? Non ! Les Neandertal ne sont pas fabriqués pour courir si longtemps, ils ont trop de fourrure, des os trop lourds. Enkidu encourage son ami à poursuivre le monstre Humbaba, jusqu'à ce que ce dernier s'effondre « vaincu par la tempête ». Parce que c'est comme cela que Sapiens a toujours tué ses proies : il les poursuit des heures jusqu'à ce que ces dernières épuisées ne puissent plus rafraichir leur corps, et tombent épuisées à bout de souffle. Soufflant comme des tempêtes.

Enkidu comme Neandertal meurent.
 La rencontre avec Sapiens a été fatale. Ils ne se sont pas éliminés. Au contraire, ils ont pu se reproduire entre eux. Seulement Neandertal est une espèce solitaire. Il n'a pas les défenses immunitaires de Sapiens. 
Sapiens vit en troupeau depuis des millénaires les virus ne l'affectent plus trop. Mais dès que Neandertal attrape ses maladies, tout comme les Indiens d'Amérique, les solitaires se font décimer  par la variole, la grippe, la tuberculose...

Gilgamesh est une épopée épique. Le héros affronte des monstres, va en enfer, ramène la plante d'immortalité volée au dieu. Tout cela parce qu'Enkidu est mort.
Enkidu, l'ami de Gilgamesh, l'être qui parle aux bêtes, l'être le plus puissant meurt de la façon la moins épique : il tombe malade, et après une longue agonie s'éteint. 

Cela ne s'invente pas, cela n'est pas romanesque : C'est la réalité. Neandertal est mort tué par les maladies de Sapiens. Partout, tout le temps, jusqu'à sa disparition totale, et l'histoire a été si traumatisants pour Sapiens qui a vu une espèce amie et différente s'éteindre sous ses yeux, qu'ils en ont préservé pour nous l'histoire. Mais nous n'avons jamais plus la ré-écrire, parce que l'expérience de rencontrer une race alien a été oublié.
  

mercredi 17 février 2016

L'histoire de Dédale raconte l'apocalypse




Dédale, le créateur du labyrinthe, a laissé son nom à l'étrange édifice qui est une maison et un piège à la fois.

Son histoire commence pourtant avant que Thésée n'affronte le Minotaure dans le Dédale, et continue après quand il perd son fils.

L'histoire de Dédale comprend sans doute les personnages les plus célèbres de l'antiquité. D'Homère nous nous souvenons seulement d'Ulysse. Mais Dédale, lui, partage la vedette avec Icare, Minos, le Minotaure, Thésée, Ariane. L'histoire de Dédale est bien plus mémorable parce qu'elle touche à notre mortalité en tant qu'espèce.

Minos, le roi de crête dans la légende est devenu le juge de l'enfer à sa mort.

Minos est le premier employeur de Dédale. C'est à lui qu'il demande la création du labyrinthe. Mais avant cela il a fallu passer un entretien d'embauche.
C'est la première histoire connue de Dédale. Minos cherche un ingénieur. Il propose le poste à qui passera un fil de l'ouverture à la sortie d'un coquillage de mer. Tous échouent.
Dédale attache un fil à la patte d'une fourmi qui traverse le coquillage et lui obtient le poste. On voit déjà que le fil comme outil pour s'échapper d'un parcours compliqué est présent avant même que le labyrinthe soit construit.

Minos n'est pas encore juge des Enfers ; il est juste Roi. Et il aime faire sentir à ses sujets sa puissance. Quand la population admire l'intelligence de Dédale pour l'exploit de la fourmi, le roi prend le fil de chaque côté. Il tire dessus, brisant le coquillage.

C'est la première destruction.
Parce que tout ce que touche Dédale doit être détruit. Le coquillage représente la mer et l'eau. La première destruction touche tout ce qui se trouve dans cet élément. On sait déjà ou se déroule la dernière destruction : dans l'air.

Plusieurs choses sont détruites après que Dédale enferme le Minotaure dans le labyrinthe. La plus évidente c'est le taureau à corps d'homme, tué par Thésée.
C'est la destruction du règne animal.
Puis c'est la destruction des hommes. Thésée rentre chez lui et oublie de mettre des voiles blanches pour annoncer son succès. En croyant son fils mort, le père de Thésée saute de la falaise.
C'est la destruction du règne humain.

Vient la dernière destruction. Sans doute la plus dure pour l'auteur à justifier. Minos enferme Dédale avec son fils dans son propre labyrinthe pour le punir de n'avoir pas pu empêcher la mort du Minotaure.
Dédale fabrique des ailes. Des plumes collées avec de la cire d'abeille, pour que l'on comprenne bien qu'il s'agit de l'air dont la fable parle. Les oiseaux et les abeilles.
Icare monte trop près du soleil, et lui aussi s'écrase.

À cause de Dédale, tout ce qui est dans l'Eau est détruit, ce qui est sur Terre, les hommes et les bêtes sont détruits, ce qui est dans l'Air est détruit.

Dédale ne devrait pas donner son nom à un labyrinthe. Le labyrinthe n'est qu'une construction accessoire dans l'histoire, au mieux, le symbole de la Terre, comme le coquillage représenté l'Eau. Dédale devrait donner son nom à une bombe atomique. La prochaine qui sera assez puissante pour tout détruire.



mercredi 24 juin 2015

Tlon, Uqbar, Orbis Tertius est un projet volontaire de Borges





Il est étonnant que Jorges Luis Borges ait intitulé « Fictions » le recueil qui contient la célèbre nouvelle « Tlon, Uqbar, Orbis Tertius ». La seconde surprise est le titre ésotérique de cette nouvelle. Nous allons voir que ces deux dénominations sont cohérentes et liées.

Pourquoi appeler un recueil « Fictions » ? Ce serait comme intituler un roman « Roman ». Certains présomptueux sans talent l'ont sans doute déjà fait. Mais « Fictions » n'a pas la même portée prétentieuse que « Roman ». Cela nuit à l'ouvrage, puisque le rôle de la fiction, c'est justement de donner l'illusion de la vérité. C'est pour cela que tant de fiction se présente comme des témoignages. Prévenir que ce que le lecteur va lire est une « fiction » défait même le propos du contenu du livre. Surtout que ce livre contient de nombreux récits d'autofiction (avant que le terme ne soit inventé), mettant en scène Borges, et prétendant à la vérité.

Borges a-t-il eu l'intention de ne pas nous tromper ? A-t-il écrit « Tlon, Uqbar, Orbis Tertius », qui raconte l'histoire de la découverte par Borges (l'auteur donc) d'une encyclopédie, qui n'existe qu'à un seul exemplaire, pour nous tromper : en se mettant en scène ? Puis, prit en quelque sorte de remords, a-t-il intitulé le recueil « fiction » pour ne pas nous tromper, et nous rappeler que tout est faux dans ce recueil ?

Non. La nouvelle, et toutes les autres ne sont pas croyables. Personne même en l'absence du titre « fiction » n'irait les prendre pour des témoignages. Un livre y génère des objets qui n'existent pas sur notre planète, un perçoit l'influence d'un homme inconnu, mais parfait à travers la mesquinerie des gens qu'il rencontre, un homme décide de réécrire Don Quichotte, mot pour mot, comme une oeuvre d'art. C'est très fantastique, cela n'appelle pas le doute.

Borges nomme son recueil fiction parce qu'il veut que nous croyions qu'il s'agit d'un faux, parce qu'il y a en réalité beaucoup de vrais dans le récit.

Le propos de Tlon, uqbar, Orbis Tertius est simple : Un mégalomane américain commissionne, savant, artistes, géographes, etc., pour créer l'encyclopédie en 20 volumes du pays illusoire et inventé d'Uqbar. Parmi les informations relatives à la vie sur ce pays, l'encyclopédie précise que Tlon est un monde imaginaire pour les habitants d'Uqbar. Mais que ce monde intervient dans le leur, en y générant des objets parfaits nés de l'espoir des Uqbariens. À la fin de la nouvelle, l'encyclopédie est terminée. Notre monde découvre, et s'amourache, de la vie ordonnée et précise d'Uqbar. Alors Tlon s'insinue aussi dans notre monde, et nous devenons Uqbar.

Borges relate la première influence d'Uqbar sur le monde. Il dit qu'une comtesse trouva lors d'un déménagement une petite boussole portant l'alphabet unique de Tlon pour indiquer un nord différent. Cette trouvaille est précise. La seconde fut faite en présence de Borges. Dans un bar, un alcoolique est retrouvé mort au matin par Borges. Dans ses poches il trouve un petit cône d'une matière bien plus lourde que tout ce qui existe sur terre.

On constate pour ces deux premières apparitions du monde fictif d'Uqbar dans la réalité, Borges est vraisemblablement présent au deux. La boussole de la comtesse est trop anecdotique, pour qu'il n'en soit pas un témoin direct. Quand deux évènements exceptionnels sont observés par une seule personne il est plus juste statistiquement de supposer que ce témoin a en fait joué un rôle pour provoquer ces deux évènements.

Dans le cas de Borges, il a sans doute placé la boussole chez une comtesse de ses amies, puis le cône lourd dans les poches de l'alcoolique. Du moins c'est la conclusion que le lecteur de la nouvelle est amené à se faire. Il est plus simple de penser que Borges a placé ses deux objets que de croire que deux objets créés par idéalisme à partir d'une encyclopédie apparaissent sans raison sur terre, à chaque fois à proximité de Borges.

S'il a placé ces artéfacts, C'est que Borges aussi participe au projet de l'américain. La nouvelle, elle-même n'est qu'une tentative supplémentaire d'invoquer Tlon et ses artéfacts parfaits dans notre monde.

Le titre étrange en est la preuve. « Orbis Tertius » n'apparait qu'une fois en passant dans la nouvelle. Mettre ce terme dans le titre ne sert qu'un seul propos : finir l'acrostiche du titre : T,U,O,T.. Qui a l'envers signifie « TOUT » parce que la nouvelle entend bien « Tout » créer à partir de rien, presque rien: L'histoire d'un monde qui n'existe pas.

mercredi 14 janvier 2015

Le Loup et l'agneau est une fable quantique



Nous avons déjà constaté avec la fable du Lièvre et de la Tortue que LaFontaine est un philosophe novateur. Si dans l'autre fable il résout le paradoxe de Zénon, dans celle du Loup et de l'Agneau il frappe encore plus fort.


Il est très important de remarquer que cette fable, contrairement à toutes les autres, commence par la « morale ». On nous l'a enseigné jeune. C'est sans doute tout ce qui nous en reste, ces deux vers éternels : "La raison du plus fort est toujours la meilleure / Nous l'allons montrer tout à l'heure".

Ils sont importants à tout point de vue ces deux vers. Ils présentent la morale de la fable dès le début : pour que nous ne nous focalisions pas dessus, comme pour l'écarter. Le but est plus retors encore.
Ils provoquent aussi un étrange sentiment d'incompréhension. Le "tout à l'heure" ne s'applique pas au passé comme nous en avons l'habitude. Ces deux vers annoncent en fait le thème réel de la fable. Cette fable parle du Temps. Le Temps des philosophes, le mystère ultime que nos physiciens cherchent encore à expliquer. Toutes les équations le prouvent, il n'y a aucune raison que le temps aillent du passé vers le futur. Aucune raison, aucune preuve non plus. Cela LaFontaine nous l'a dit dans cette fable il y a plus de quatre cents ans.

LaFontaine reprend ici une fable de Phèdre. Chez Phèdre, tous les éléments sont déjà là : le loup boit en amont de l'agneau. Le loup accuse l'agneau d'avoir médit de lui l'année précédente. L'agneau rappelle qu'il n'était pas né. Le loup mange l'agneau. Deux différences : La moralité est bien à la fin chez Phèdre. Et le "Si ce n'est toi, c'est donc ton frère. -je n'en est point" était chez Phèdre "Si ce n'est pas toi, c'est ton père"
Nous allons voir pourquoi le philosophe LaFontaine se distingue dans ces détails de Phèdre.

Mais d'abord, parlons du problème que résout LaFontaine dans cette Fable. La pensée du grec Héraclite dit "personne ne se baigne deux fois dans le même fleuve".
Borges nous rappelle que la pensée est subtile parce que nous comprenons d'abord aisément que le fleuve où je me baigne cette année ne peut pas être celui de l'année dernière. Toute l'eau s'en est écoulée. Comme nous acceptons cette conclusion de façon évidente, nous croyons découvrir et acceptons plus aisément la seconde conclusion : nous avons changé entre cette année et l'année dernière. Même si l'eau était restée la même, on ne se baignerait quand même jamais dans la même eau, parce que NOUS sommes différents d'un instant à l'autre. La doctrine d'Héraclite repose dessus : tout change, rien n'est immuable.
LaFontaine réfute ce raisonnement.

D'abord, il nie que l'eau du fleuve est changée. C'est pour cela que le loup accuse l'agneau de polluer son eau en buvant en amont. Le cours du fleuve importe peu. Pour le fabuliste, qu'importe que l'eau s’écoule : si nous buvons, nous polluons l'ensemble du fleuve. L'idée parait saugrenue. Elle est actuellement envisagée avec beaucoup de sérieux, par les physiciens qui tentent de trouver une explication au temps. Pour eux aussi, quatre cents ans après LaFontaine, il n'y a aucune raison que le fleuve coule dans une direction particulière.

À l'époque LaFontaine ne pouvait pas exprimer sa philosophie de façon aussi limpide. C'est pour cela qu'il recourt à la fable. Il nie l'écoulement du fleuve. Il nie l'existence du temps.
Il le fait dans les deux changements opérés par rapport à Phèdre. Il signale que ce n'est pas le père qui a médit du loup, mais son frère. Le père de l'agneau a parfaitement pu légitimement médire du loup par le passé — si le temps existe tel que nous le connaissons —. LaFontaine, lui, remplace le père, par le frère. Si le temps n'existe pas, il n'y a pas besoin d'un père pour maudire du loup, n'importe qui — ton frère, ton contemporain, qui, lui non plus, n'existait pas l'an dernier — a médit du loup. Parce que la malédiction est éternelle, elle ne s'est pas passé l'an dernier, elle était là de toute éternité. Chaque agneau, toujours, a médit du loup.

Mais la preuve décisive de la volonté de LaFontaine de nier le temps dans sa fable est dans la moralité. Il la place au début. Il prétend que nous l'avons déjà entendu « tout à l'heure », ou que nous allons l'entendre. C'est volontairement que la formulation est confuse. Parce que nous l'avons toujours entendu. Nous l'avons entendu chez Phèdre, nous l'avons toujours su : la raison du plus fort est la meilleure.

 Borges a écrit « Nouvelle réfutation du temps ». Ce titre est une forme de plaisanterie. C'est dans ce texte qu'il parle d'Héraclite et qu'il nie que le temps existe. C'est aussi dans cet article qu'il prétend que chaque auteur est tout les auteurs. Il me plait de croire qu'il savait que LaFontaine, Phèdre, et le futur physicien qui prouvera la non-existence du temps, sont tous le même individu.




mercredi 27 août 2014

La Fontaine le philosophe: Le lièvre et la tortue





Jean de La Fontaine n'a jamais observé de tortue. Dans la France du XVIIe, ces animaux ne sont pas présents : il n'y a pas de zoo. Les distances sont trop importantes pour observer les plus proches sur la côte Adriatique de l'Italie ou de la Grèce. La Fontaine est un génial analyste du comportement animal. La Fontaine n'a jamais observé de tortue.

Pourquoi donc mettre une tortue dans la fable du Lièvre et de la Tortue ? Un escargot fait aussi bien -sinon mieux- l'affaire.
Parce qu'il s'inspire d'anciens Grecs, Lafontaine a mis une tortue. Si la plupart des fables sont tirées d'Ésope, celle du Lievre vient du Philosophe Zénon. Vers 400 av. J.-C., Zénon d'Elée postule que si Achille fait la course avec une tortue (il a pu voir des tortues lui) et qu'il lui laisse 10 mètres d'avance, jamais Achille ne rattrapera la tortue, car pendant qu'il parcourt 1 m la tortue parcourt 10 cm, puis pendant qu'il fait 10 cm, elle fait 1 cm. À l'infini.

C'est ce paradoxe que Jean de La Fontaine résout avec cette fable. Sa première réfutation tient dans sa critique du postulat de départ de Zénon. Tout le paradoxe tient, non pas parce que le Grec suppose des distances que l'on peut diviser à l'infinie, mais part un fait bien plus simple que tout le début de la fable met en avant :

Achille ne peut pas rattraper la tortue, non pas parce qu'elle parcourt une petite distance à chaque fois qu'il avance, mais parce qu'il lui a laissé 10 metres d'avance.

Sans cette avance le paradoxe s'effondre. Achille parcourt 1 mètre, la tortue fait 10 cm et Achille a gagné la course. Merci à La Fontaine de nous rappeler ce fait important.

La fable souligne ce point. Le lièvre n'a aucune raison de laisser de l'avance à la tortue. L'essentiel de l'histoire consiste à justifier cette avance qui est logiquement injustifiable. La Fontaine donne une explication (la vanité du lièvre) à cette avance qu'Achille laisse à la tortue dans le paradoxe.

Mais ce n'est pas le point principal. La Fontaine a écrit la fable pour résoudre le paradoxe et il le fait. Après avoir critiqué les prémices illogiques qui fait tenir le paradoxe, il l'attaque la conclusion.
Zénon, avec son paradoxe, veut démontrer que le temps et l'espace ne sont pas infiniment divisibles. Comme Achille rattrape la tortue dans la réalité, c'est parce qu'au bout d'une certaine distance (l'atome) on ne peut plus diviser la distance. En 400 Av. J-C, Zénon prouve l'existence de l'atome.

En 1650, La fontaine prouve la relativité.
Avec la fable, il prétend que La tortue ne peut pas perdre contre Achille par le simple fait qu'elle est partie AVANT lui. Dans son reférentiel temporel elle est toujours devant. Si on lui a donné une avance, la relativité suppose que chaque coureur suit sa propre flèche du temps. Au moment où les deux espaces-temps sont adjacents, Achille dépasse la tortue. Mais tant qu'on lui donne une avance, et que son espace-temps est indépendant, elle est devant pour l'éternité.

La Fontaine finit ses fables par une morale. Du moins les fables qu'il reprend d'Ésope et qui ont un simple enseignement de sagesse et de bon sens. Les fables avec une portée scientifique commencent par la morale « Rien ne sert de courir... Le Lievre et la Tortue en font un témoignage. etc. »

De même, le récit "le Loup et l'agneau" commence par la « morale » : "La raison du plus fort... nous l'allons montrer tout à l'heure... etc. »
C'est une critique d'une pensée célèbre d'Héraclite (philosophe précédent Zénon de quelques années) : « On ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve »

Nous verrons une prochaine fois, comment La fontaine démonte l' enseignement de cet autre philosophe grec.

mercredi 27 novembre 2013

Le seigneur des anneaux est une oeuvre d'anticipation





Il était impossible de confier l'anneau aux aigles pour qu'il l'emmène au Mordor. Les aigles n'auraient pas survécu au voyage. Pour passer par dessus la chaine de montagne qui entoure Mont Doom, il faut s'élever haut dans le ciel. Tellement haut que l'on s'approche trop du soleil. Les aigles ne pouvaient pas voler aussi haut.

On parle peu du soleil de la terre du milieu. Parce qu'il est particulièrement petit. C'est une boule de feu de quelques kilomètres de diamètre seulement. Cette boule de feu est au centre de la Terre. Parce que quand Tolkien parle des « terres du milieu » il ne s'agit pas d'un nom propre. Il s'agit d'un endroit. Toute la saga du seigneur des anneaux se passe au centre de la Terre. Au milieu d'une terre creuse.

Le mythe de la terre creuse (selon laquelle on peut vivre dans une boule éclairé par une boule de feu en son centre) est à la mode quand Tolkien publie son roman, peu après la Seconde Guerre mondiale. On sait que les nazis ont tenté d'atteindre l'intérieur de la terre en cherchant des ouvertures aux pôles. On prétend que certains ont trouvé ces passages.
Tolkien fait sienne l'idée d'une terre creuse habitable. Contrairement à Jules Vernes, il peuple la sienne d'elfes, de nains et de dragons. C'est la terre du milieu. 

Là, encore traumatisé par l'horreur nazie (Tolkien a écrit très tôt au gouvernement américain, pour l'inciter à entrer en guerre contre l'Allemagne) il suppose qu'Hitler s'est échappé et tente de créer une dictature. Les orcs ultras violents et organisés par Saroumane ressemblent trop aux armées contemporaines pour être l'effet du hasard.

Tolkien fait un récit de futur alternatif dans lequel Hitler s'est échappé au centre de la Terre, où il continue ses exactions. C'est pour cela que Frodon doit voyager jusqu'au mont Doom à pied. Ce n'est pas là-bas que l'anneau a été forgé. Il n'y a aucune trace de forge au mont Doom. Le volcan est un passage. Un passage vers la terre extérieur, notre terre.
Frodon ne peut jeter l'anneau qu'à cet endroit. Notre terre est le seul endroit où Hitler ne viendra pas le chercher.

mercredi 25 septembre 2013

Stormbringer est une épée bénéfique







Dans la saga d'Elric de Melnibonée écrite par Morckook, l'épée Stormbringer est présentée comme une arme démoniaque, qui pousse son possesseur à tuer ceux qu'il aime. Mathématiquement, le nombre réel de morts provoqué par Stormbringer dans la dizaine de romans du cycle est très faible.

A la fin du dernier roman, le monde d'Elric a été détruit par un conflit opposant les dieux. L'épée alors prend forme démoniaque et s'en va. Implicitement le monde d'Elric détruit, les Jeunes Royaumes, est censé devenir notre monde actuel, la Terre. Certains détails prennent alors sens. Par exemple, Elric est le souverain d'une île, Melnibonée. Cette île, comme pour notre Angleterre, est censée avoir conquis l'ensemble du reste du monde par le passé, avant de se refermer dans un protectionnisme culturel et économique complet. L'île voisine de Melnibonée est la demeure des pires ennemies d'Elric. Ce sont les théocrates fanatiques de « Pan Tang » qui peuvent, par la sonorité du nom de l'île et l'opposition caricaturale, représenter les chrétiens d'Irelande opposé aux réformés d'Angleterre.

Cela n'explique pas pourquoi cette épée démoniaque commet, au fond, très peu d'actes démoniaques. Un élément central du récit nous donne peut être l'explication : Elric est définit comme un « champion eternel » un individu, qui apparait à toutes les époques, dans tous les univers sous différent aspect.
Or, on connait un autre héros qui, lui aussi, se définit, comme Elric, par son épée. Comme Elric a découvert cette arme, qui lui était destinée, dans les Limbes, Arthur Pendragon a trouvé Excalibur fichée dans un rocher pour lui seul.

Ces deux hommes ont dû se frotter à l'exercice de la royauté alors qu'il n'y était pas préparé. Elric est trop faible physiquement pour assumer sa fonction, Arthur, n'est qu'un paysan que la couronne encombre.
Quand le cycle d'Arthur se termine, le monde est détruit par un conflit qui oppose les forces du Roi à celles de Lancelot et de Mordred qui convoite le trône. Une guerre faite par amour pour Guenièvre, la reine qui a préféré un chevalier à son roi. A la fin, Arthur jette l'épée qui lui a donné le pouvoir dans un lac.
Cette épée, Excalibur, Elric la trouvera bien plus tard dans les Limbes. A lui aussi, elle accordera le pouvoir, et la puissance qui lui faisait défaut. Elric est le champion éternel, comme Arthur. Quand il apprend que son cousin Yrkoon a usurpé son trône, il rentre de son voyage, avec son épée magique, pour reconquérir le pouvoir.

Après une guerre violente dans les rues mêmes d'Imryr la capitale de Melnibonée, Elric affronte son cousin et le tue. Puis il va « libérer » la femme qu'il aime et qu'il sait « prisonnière » d'Yrkoon. Quand enfin il la trouve, Stormbringer a son premier acte démoniaque : L'épée tue la femme dont Elric était amoureux.
Ou plutôt Elric accuse l'épée d'avoir eu une volonté propre qu'elle n'a jamais eue. Elric accuse l'épée, parce que la femme qu'il aime est la nouvelle incarnation de Guenièvre. Elle n'a jamais aimé Elric, elle lui a préféré le cousin plus vigoureux Yrkoon. C'est pour cela qu'Elric tue cette femme. Et il préfère prétendre qu'il est envouté par une épée magique, plutôt que de reconnaitre que la jalousie seule, une jalousie veille de plusieurs millénaires depuis qu'Arthur a déjà déclaré une guerre pour cette femme qui le méprise ; que cette jalousie l'a poussé à tuer cette femme.

Stormbringer est une épée magique. Rien de plus. Son porteur, lui, est démoniaque.



mercredi 11 septembre 2013

Le titre "Le nom de la Rose" d'U.Eco est la réponse à une veille question littéraire






Guillaume de Baskerville possède un nom rappelant le titre d'un roman de Sherlock Holmes. Il commence son enquête, d'ailleurs, en analysant, à la façon de l'enquêteur célèbre des traces de boue devant l'abbaye. Cet anachronisme n'est pas là par hasard. Et ce n'est pas un hommage.



Plus tard on apprendra les problèmes de Guillaume avec l'inquisition, et ses théories moderne sur le bien le mal, la comédie, et la science. Il professe des théories en avance de plusieurs siècles sur l'époque. Ces anachronismes à répétition sont expliqués par le titre du roman.



Le film tiré du livre finit par cette phrase dite par le jeune moine à propos de la gitane qui l'a initié à l'amour charnel :" Je n'ai jamais su son nom". Voulant sous-entendre que c'est cette femme la "rose" du titre.

Le roman, lui, se termine par une citation à propos d'une rose qui ne fait pas du tout référence à la jeune femme.


Pour comprendre le titre étrange du roman, il faut noter qu'Umberto Eco a placé un autre romancier contemporain dans le récit : Le moine aveugle et bibliothécaire, Jorge de Burgos, porte un nom très proche du romancier, bibliothécaire argentin, aveugle lui aussi, Jorges Luis Borges.

Si Umberto Eco place le personnage de Borges au cœur de son récit, il n'ignore pas non plus les convictions littéraire de l'argentin.

Borges en 1952 dans un des articles d'"Enquêtes" parle d'une fleur.



En 1980 Eco précise avec ce titre de quelle fleur il s'agit. Car le titre doit se lire comme :

"Le nom de la fleur? Une rose"



Cette fleur dont parle Borges, jusqu'à présen on en ignorait l'espèce.
Elle n'avait pas de nom, Umberto Eco nous a précisé son espèce : Une rose.



Cette fleur, dont parle Borges fait d'abord son apparition chez Coleridge au XVIIIème dans la banlieue de Londres.

Là, nous raconte Borges, Coleridge postule un rêveur qui visite le paradis en songe et à qui on donne une fleur. Que s'est-il passé, demande Coleridge si à son réveil il trouve cette fleur dans sa main ?

Borges se pose la même question. Et, pour expliquer sa théorie selon laquelle tout les écrivains, sont le même écrivain, il ajoute une autre fleur impossible : Celle d'H.G. Wells.



Wells, dans "la machine à voyager dans le temps", fait partir son protagoniste des millions d'années dans le futur au milieu des tendres Eloïs et des cruels Morlocks. Là, il sauve une Eloïs de la mort et celle-ci lui offre une fleur inconnue.

A son retour dans le présent, alors que sa machine est cassée, il n'est plus sur d'avoir rêvé ses aventures improbables, jusqu'à ce qu'il trouve dans la poche de son paletot abîmé par le voyage une fleur fanée.



Ces deux fleurs de la littérature dont parle Borges ne sont jamais nommées. Il faut attendre Eco, qui nous explique enfin de quelle fleur il s'agit : Une rose.



Et s'il sait quel fleur a ramené le protagoniste de la machine à voyager dans le temps c'est parce que c'est le même homme qui résout l'enquête des meurtres de l'abbaye. Guillaume de Baskerville, au nom tiré de Sherlock Holmes (Conan Doyle est contemporain d'H.G. Wells) a réparé la machine à voyager dans le temps.



C'est pour cela qu'il peut être tellement en avance sur son temps à propos des sciences, des étoiles et de la logique mathématique. C'est pour cela qu'il a eu des soucis avec l'inquisition, il vient du futur et l'inquisition en apprenant son arrivé dans sa machine étrange a soupçonné une intervention démoniaque.



Et il se souvient que lors de son premier voyage, on lui a donné une fleur dans le futur. Cette fleur nous dit Umberto Eco dans son titre, cette veille fleur dont parlais déjà Coleridge, c'est une rose. Une simple rose dont l'existence est impossible.




mercredi 28 août 2013

Pat Bateman est la victime





A la page 448 de l'édition du Points d' "American Psycho" de Bret Easton Ellis le récit passe à la troisième personne. Patrick Bateman est poursuivi par la police dans ce chapitre, bien plus long que ceux qui le précèdent ou le suivent directement, au lieu d'avoir le point de vue du protagoniste (Je) nous avons un récit extérieur (Il).


De Pat Bateman on sait qu'il n'a jamais commis les crimesqu'il raconte. Il n'a tué personne, il a juste imaginé tuer des prostitués, des clochards et son collègue de travail qui a une plus belle carte de visite que lui. Son sadisme n'est qu'une fantaisie dans sa tête. C'est B.E Ellis lui-même qui nous donne cette interprétation du personnage. L'auteur nous donne une autre clef pour comprendre le personnage : Il est inspiré de son père.
Enfin, dans un livre suivant, Lunar Park, Pat Bateman revient. Lunar Park est une auto-fiction, ça raconte la vie de B.E Ellis. Il vit avec sa femme et sa fille dans sa maison hors de la ville. Il donne des cours à la fac de lettre. Un de ses étudiants est Pat Bateman. Ellis est paniqué parce que sa création, l'homme censé être un tueur en série apparaît dans son monde. Il apparaît de façon étrange. On ne l'entend pas s'approcher et il est soudain à côté d'Ellis. Personne d'autre ne voit cet étudiant, ou plutôt on l'a vu, mais sans le remarquer particulièrement. Ellis s'inquiète de la présence de ce tueur autour de chez lui et qui semble de plus en plus prendre ses aises pour entrer dans son quotidien.

Il s'inquiète parce que Pat Bateman n'est pas un personnage de fiction. C'est un fantôme. Le fantôme de son père. Son père qu'il a représenté sous les traits d'un tueur en série dans "American Psycho". Son père est mort.

On se demande dans le passage de la fuite à la troisième personne d'American Psycho qui fuit, et ce qu'il fuit. On sait que le protagoniste, Pat Bateman, parle à la première personne. Donc celui qui est décrit en train de fuir ce n'est pas Patrick puis que le récit est à la troisième personne. Celui qui fuit dans les rues de New York c'est l'auteur Bret Easton Ellis. Il fuit un meurtre. Le seul véritable meurtre de tout le roman. Le meurtre de Pat Bateman. Le personnage du romancier B.E.Ellis, qui devient personnage principal de Lunar Park, a tué son père.Il s'enfuit pour échapper à la police. La fin du récit apres la page 448 perd toute vraisemblance. Parce qu'Ellis s'est débarrassé de Pat, il parle à sa place.

C'est pour cette raison que Ellis est paniqué quand il retrouve Pat Bateman dans Lunar Park. Pas parce qu'un personnage de fiction apparaît dans la réalité. Mais parce que le fantôme de son père lui apparaît pour lui reprocher son meurtre.



mercredi 21 août 2013

"La stratégie Ender" raconte l'Ilyade d'Homère



Il y a quelque chose de malfaisant à constater la présence de mythe latin dans les œuvres à succès contemporaines. On a pu retrouver le mythe du minotaure dans Shining, Kubrick récidive ouvertement avec l'Odyssée, de même Futurama est clair sur son inspiration, ou c'est Franck Herbert  qui prétend parler d'un mythe pour en cacher un plus inquiétant.

C'est malfaisant, parce que ca laisse présager que les histoires qui peuvent vraiment toucher le public (vu le succès des œuvres en question) ont déjà été racontées il y a très longtemps, et nous nous contentons de leur donner un nouvel habillage.En toute honnêteté il ne doit s'agir que d'une forme de biais cognitif connu. Pourtant on préféra supposer que les auteurs modernes se contente de puiser à la source Grec et Romaine pour que leur histoires plaisent.

La stratégie Ender raconte, à son cœur, l'histoire d'une guerre entre la Terre et les insectes. L'homme supérieur qui est le moyen de gagner cette guerre, est un homme en colère : Ender. C'est exactement ainsi que commence l'Ilyade :" Ceci est l'histoire d'un homme en colère: Achille"

Cette colère, Ender l'utilise pour tuer ceux de son camps, tout comme Achille refuse de se battre dès le commencement de L'Ilyade. Tout comme dans l'Ilyade , c'est moins les faits de guerre qui sont important, que les conflits au sein du camp Grec.

Pour gagner la guerre, Ender se cache aussi à l'intérieur d'un vaisseau. Il s'y cache puisqu'il n'est pas présent sur le front, il contrôle à distance la flotte attaquant les insectes. Cette idée, ce n'est pas Ender qui l'a eut. C'est sans doute son frère, rusé comme Ulysse, qui veut gagner la guerre à tout prix, même en exterminant tout un peuple par sa tactique immoral. Si Ender avait été réellement sur le champs de bataille, face à son ennemi, il aurait sans doute détecté l'intelligence et la volonté de la reine insecte, et n'aurait jamais exterminé les aliens. Même son frère l'a dissimulé derrière une fausse simulation guerrière pour qu'il donne le maximum et puisse éliminer, comme dans un jeu, ces nouveaux troyens.



mercredi 14 août 2013

Ender n'a rien de particulièrement génial





Le monde d'Ender's Game, situé plusieurs siècles dans le futur, a vu l'intelligence de sa population régresser de façon drastique.

Certes, il reste quelques innovation technologiques impressionnante (communication plus rapide que la lumière, Intelligence Artificielle balbutiante, vaisseau spatiaux) mais ce sont probablement les restes d'une époque ou l'humanité était plus évolué.

A l'époque d'Ender, les humains sont devenus stupides.

Internet est resté au niveau des newsgroups, qui ont, pour nous, cessé d'être utilisés depuis 2000. L'I.A. est utilisée uniquement pour un jeu enfantin, dont l'intérêt pédagogique reste vague et aléatoire.

Alors qu'ils sont en guerre contre une force extra-terrestre, dont les membres semblent en nombre infini, les humains contrôlent leur population, limitant à deux le nombre d'enfants par famille. Quand on constate les ravages de la guerre (des villes ont été simplement rayées de la carte) limiter l'accroissement de la population revient à un suicide lent. De tout cela, on peut conclure que les humains sont stupides.

Ender est un enfant normal. Par rapport au reste de la population il apparaît comme un génie. Son frère, et sa soeur sont normaux aussi. Mais, le reste de la population est tellement attardés, qu'ils leur suffit de faire quelques interventions politisées sur les newsgroups pour influer la politique mondiale. Deux enfants de moins de 15 ans font des déclarations sur un forum d'internet, et leurs avis sont si intelligents par rapport à ce que peuvent concevoir les humains qu'ils deviennent des maîtres à penser.

C'est dans ce monde gouverné par des idiots qu'Ender va sauver la race humaine. Il sait que la simulation à laquelle il participe, n'en est pas une. Il le sait, parce qu'il connaît le jeu contrôlé par l'I.A et sait que la réalité virtuelle fonctionne. Il décide de prétendre que ce n'est qu'une simulation pour ne pas perturber son escadron, dont les membres à peine moins idiots que le reste de la population seraient perturbés d'apprendre la vérité.

Ender connaît les insectes. Il sait, contrairement aux demeurés qui l'entourent, que ces animaux sont complètement dépendants de la reine qui contrôle la ruche. De nombreux incidents corroborent que les extra-terrestres fonctionnent de la même façon.

C'est consciemment qu'il décide d'exterminer la reine, pour anéantir la menace qui pèse sur l'humanité. Malgré ce qu'il prétend, c'est en connaissance de cause qu'il décide, seul, le « xenocide » (l'extermination totale d'une intelligence alien).

Et c'est pour cela que le livre plaît.

Parce que nous apprécions que cet enfant tue d'autres enfants quand il est menacé, nous apprécions qu'il n'hésite pas à exterminer une espèce pour protéger les hommes. Nous rêvons tous d'être Ender, pour tuer sans hésitation quiconque nous met en danger. Il n'est pas très sûr, par contre, que tout cela soit très moral.



mercredi 31 juillet 2013

Harry Potter est un mythe vieux comme l'humanité





Il y a quelques dizaine de millier d'année l'homme est passé de chasseur-cueilleur à agriculteur. Le changement a été si traumatisant qu'on en retrouve la trace dans les premiers mythes de l'humanité. Le plus connu est le mythe d'Abel et Caïn. Le plus récent est celui d'Harry Potter et Dudley Dursley.

Abel est berger. Il représente la vie nomade, sans attache, sans possession, vie saine et glorifiée par dieu, dont il est le préféré. Caïn est un agriculteur.
Avec l'agriculture l'humanité a pu se développer à une vitesse jamais égalée par le passé. Seulement, cet aspect positif nous le constatons après coup. A l'époque l'agriculture apporte des modifications drastiques du mode de vie. L'agriculture, et donc la sédentarité, et la promiscuité, provoque des maladies contagieuses.
L'agriculture, rend primordiale l'idée de propriété, de terre, de pays, et les conflits qui en découle, appropriations, guerres, vols, rapines,etc ...
Pour ces raisons Caïn est méprisé par dieu, qui considère son mode de vie contre-nature. Pour cette raison Caïn tue Abel, en accord avec son mode de vie ultra-violent, et par jalousie. Un sentiment sans doute nouveau dans ce nouveau monde de la propriété agricole.

Harry Potter ne tue pas Dudley. Pourtant il ne cache jamais que l'idée le tente. Il ne le tue pas parce que tout le récit est une propagande destiné à revaloriser l'agriculteur face au nomade.
Si Dudley est plein d'énergie, toujours dehors et actif, il est tout de même gras, pour signifier le mépris de l'auteur pour le personnage. Dudley représente la vie simple et nomade des premiers hommes, telle que la montre quelqu'un qui souhaite ridiculiser ce mode de vie.

A l'inverse Harry Potter, rachitique, avec des lunettes représente la sédentarité, la vie agricole, l'accumulation de richesse.

Cette sédentarité, sous l'escalier de la maison Dursley, est présenté comme une contrainte imposée par l'extérieur, plutôt qu'une conséquence obligatoire de la vie agricole. Parce que la vie agricole, n'a rien de sexy. Parce que tout le monde préfère être un Dudley qui court dans le jardin, plein d'énergie, pour chasser sa pitance, plutôt que de rester sur place à retourner la terre.
Pour que la propagande marche il faut que les coté négatif de l'accumulateur,propriétaire terrien, qui doit rester sur place, lui soit imposé. Ce sont les Dursley qui enferme Harry, ce n'est pas lui qui refuse de sortir, pour cultiver sa parcelle. C'est de la propagande.

Malgré ses ennuyantes lunettes de comptable, sa sédentarité, et son manque de force, pour revaloriser l'agriculteur Harry, on lui attribue une vie exaltante de magicien.
Cette illusion n'est que cela. Harry n'est pas magicien. Il sait juste créer de la richesse en retournant la terre. Harry s'appelle Potter ("potier") parce que les poteries ont toujours utilisé pour stocker le grain, et , dans les fouilles, sont toujours les preuves d'une vie agricole intense.
Harry porte une cicatrice. Mais ce n'est plus dieu qui a marqué Caïn au front pour que tous le reconnaissent et le fuient (et reconnaissent qu'il est sans doute porteur de maladie infectieuse du fait de son mode de vie; La cicatrice peut aussi bien être une réelle marque de la lèpre ou de la vérole,qui sont apparu avec les premières installations sédentaires). Harry est marqué par un individu négatif, non plus par dieu. Parce que l'agriculture et la richesse qui en découle, sont des valeurs positives, non plus le signe de la maladie, et de l'égoïsme.

Harry a pour meilleur amie, Hermione Granger. Parce qu'une "Grange" est le lieu idéal ,où un "potier" peut stocker son grain. Harry est l'attrapeur désigné de vif-or. Parce que l'or et la richesse sont la raison d'être du citadin sédentarisé.

Le succès de la série ne s'explique que comme cela. Nous avions besoin d'un mythe, qui souligne que notre vie capitaliste, d'accumulation, de sédentarité et de richesse n'est plus une tare, dont nous devons avoir honte. Le récit fonctionne parce que nous avions envie d'entendre qu'être un comptable qui cherche l'or-vif est une vie merveilleuse pleine d'aventure.



mercredi 3 juillet 2013

"L'étranger" de Camus est un western spaghetti



On a coutume  de justifier le titre du livre par le fait que Meursault, est "étranger" à la vie, au monde qui l'entoure, aux circonstances.
La vérité est pourtant plus simple: Meursault est juste un étranger dans un pays colonisé.



Un pays chaud, aride, ou l'homme est un loup pour l'homme, et ou il n'y a pas de loi, que celle que l'on se fait avec son colt.
Ce que Camus a voulu écrire, c'est un western. L'histoire d'un homme seul qui doit survivre dans un monde hostile. Le premier indice apparaît au tout début du livre: Meursault va au cinéma. Camus indique ainsi l'inspiration qu'il y a derrière son livre.



Puis les scènes s’enchaînent reprenant toujours les thèmes traditionnel du western. Un cow-boy couche avec un squaw puis l'abandonne.Menacé par les indiens il se réfugie dans un ranch isolé au bord du désert. Il demande l'aide de Meursault, le revolver le plus rapide de ce coté ci d'Alger.



Malheureusement  les indiens retrouve les cow-boy dans leur maison isolé. La scène mythique qui suit respecte au détail prés les règles crées par Sergio Leone pour mettre en scène un duel.



Meursault est seul face à l'indien (ou l'arabe, en tout cas l'occupant légitime d'un pays qu'il est en train d'envahir).
Il possède son arme. L'indien a lui aussi un revolver. Camus ne précise a aucun moment que c'est un couteau. Il parle du soleil qui se reflète sur une lame. Cette lame peut aussi bien être le canon du pistolet.
Il parle du Soleil qui aveugle Meursault, pour signifier qu'il a choisit la mauvaise place, celle face au soleil. Seul les meilleures tireur peuvent gagner un duel face au soleil.
Meursault est LE meilleur tireur du Maghreb,il abat l'indien d'une seule balle. Par haine, par racisme, il vide le chargeur sur cet indien qui empêche la conquête complète de ce coin du monde qu'il a décidé de faire sien.



La seconde partie illustre comment le Shérif met fin aux agissement de Meursault, devenu trop incontrôlable, dans une Algérie qui tente une dernière fois de trouver une solution pacifique à la conquête de l'Ouest.
Le procès sera expédié. Cela montre le changement de mentalité: On ne peut plus supporter les héros individualiste, la colonisation se fera désormais par l'administration et l'assimilation.
Meursault est condamné à être pendu... Ou autre chose de désagréable passera sur son cou.



On peut se demander, plus précisément, de quel célèbre cow-boy Camus à voulu conter l'histoire. La réponse, une fois encore, est donné par l'auteur ou début du livre. Si la mère de Meursault est morte c'est pour insister sur le fait que Meursault est encore un enfant. Le fils de sa mère. Cet enfant, doué avec les armes à feu, c'est "Billy the Kid", le pistolero qui disait de lui même : "J'ai tué 23 hommes, sans compter les étrangers"







mercredi 13 février 2013

Gollum était en fait Sauron depuis le début




Au début du seigneur des anneaux, Sauron n'a pas l'anneau unique. Il ne s'en porte pas plus mal: Il envahit les terres du milieu, et fait régner la terreur.

A la fin, Sauron n'a toujours pas l'anneau unique, mais cette fois ça le tue.

Dans tout le cours de la trilogie, à aucun moment il n'est précisé que la destruction de l'anneau tuera Sauron. Nous savons juste qu'il ne faut pas que Sauron récupère l'anneau, sinon son pouvoir, alors, sera immense.

Pourtant quand l'anneau est détruit, sans plus d'explication, Sauron disparait soudainement.

Ce que nous savons de Sauron, c'est qu'il est déjà mort. Il revient dans les terres du milieu, et est encore affaibli. C'est d'ailleurs pour cela qu'il veut l'anneau.
Si Sauron est revenu, la forme la plus évidente qu'il a prise et celle du seule individu qui désire l'anneau plus que tout: Smeagol.

Le nom anglais de Gollum (Smeagol) est d'ailleurs étonnamment proche de celui de Sauron.

C'est d'abord la seule façon d'expliquer qu'a la disparition de l'anneau, Sauron disparait aussi, puisque celui qui périt en se jetant dans le volcan avec l'anneau est Smeagol.

Mais aussi ca justifie que le seul individu qui puisse connaitre le chemin a travers le Mordor est cet ancien hobbit qui n'a aucune raison de n'être jamais allé par là-bas. Pourtant c'est lui qui dirige Frodon, parce que Smeagol n'est personne d'autre que Sauron qui tente de prendre l'anneau. Seulement le dieu nouvellement réincarné est faible, aussi il doit ruser.

Cela explique aussi pourquoi les armée orques subissent défaite sur défaite malgré leur nombre: Le chef, Sauron, est trop occupé à mangé du poisson, et à discuter avec les hobbits pour diriger les offensives militaires proprement. S'il avait un peu oublié son obsession, il aurait sans souci mené ses armées à une victoire écrasante et mérité.

La folie de Gollum, sa personnalité double est d'ailleurs l'indice qu'il est possédé par Sauron, bien qu'il tente de reprendre le contrôle par moment.

Enfin, de toutes les races des terres du milieu, les elfes, les nains, les orques, les aigles géant, les Ents, etc; Toutes ont de nombreux représentant; Pourtant Sauron, est seul de son espèce, personne ne lui ressemble. De même personne ne ressemble à Smeagol, seul de son espèce. Et pour cause, il s'agit du même individu.





mercredi 30 janvier 2013

Dune de F.Herbert raconte Oedipe




Nous avons vu, la semaine dernière  , comment,  et surtout pourquoi, Paul/Oedipe Atréïde a vaincu le Sphinx/GomJabbar puis tué son père pour coucher avec sa mère.

Bien entendu la tragédie ne serait pas complète sans sa suite logique: Jessica accouche de l'enfant de l'inceste avec Paul. Ce sera Alia.
Cette naissance, si tardive, n'est pas expliquée dans Dune. Jessica aurait (après 15-16 ans, âge estimé de Paul au début de la saga) décidé de donner enfin au Duc, son mari, la fille que les Béné Gesserit lui avait promit. Il est plus logique de penser que cette enfant à un autre père. Un père qui vient juste d'atteindre la puberté; Le premier fils de Jessica.

Herbert attribue bien vite à Alia, l'adjectif "d'Abomination" en prétextant son exposition à l'Epice in utéro. On peut penser, que si éventuellement les Béné Gesserit ont pu éviter d'exposer leurs enfants à l'épice in utero (même au début de leurs formations en tant qu'organisation?); Les Fremens, plus frustes, ont déjà dû avoir des  cas semblables, par simple accident, et parce que leur environnement et "saturé" d'épice. Si Alia est une "Abomination" c'est qu'elle est la fille de l'inceste.
Cela explique qu'Alia soit la seule femme avec une partie du pouvoir de prescience. C'est une descendante directe de Paul.

Le cas va plus loin. Dans la légende d'Oedipe, la fille d'Oedipe et de sa mère s'appelle Antigone. Antigone, encore un nom qui, comme Laios/Leto, et Jessica/Jocaste commence par la même lettre que l'équivalent dans Dune: Alia.
Dans la tragédie Antigone veut enterrer un de ses frères contre la volonté de son oncle. Quand L'oncle apprend la désobéissance il fait "emmurer vivante" Antigone.

Bizarrement Alia sera, elle aussi "emmuré vivante" dans son propre cerveau; Par son oncle le Baron Harkonnen. A quelle occasion Harkonnen prend-il le contrôle d'Alia? Quand celle-ci songe à se débarrasser(enterrer) de son frère Paul (C'est son frère à ses yeux , elle ignore qu'il s'agit aussi de son père)

L'histoire, enfin, finit comme la légende: Paul se crèvera les yeux, dans le Messie de Dune, comme Oedipe, pour ne pas voir ses crimes, et il ira prophétisant sur Arrakis.


Frank Herbert n'a pas laissé le moindre élément de la famille Atréïde (Agamemon, Electre, Iphigénie) dans sa saga. Par contre il a reprit le mythes le plus tragique et le plus dramatique et a laissé suffisamment de preuve pour que l'on devine la vraie histoire de Paul et de Jessica.

mercredi 23 janvier 2013

Paul n'est pas un Atréide mais un Labdacide




Cette théorie est suffisamment solide pour que j'estime qu'il me faille deux séances pour en signaler tous les éléments.


F.Herbert répète, à mainte reprise, que Yueh ne peut pas agir contre son conditionnement impériale. Il est peu probable qu'un simple chantage affectif ait pu retourner Yueh. Et pour cause ce n'est pas lui qui a tué Léto Atréide.

Atréide. Voila un autre point sur lequel Herbert insiste, en prétextant que la lignée a un destin maudit. Pourtant la lignée se marque surtout par la stupidité de ses héros.
Agamemnon, le premier Atréide, fait l'idiotie de prendre pour lui, la femme destinée à Achille, un demi-dieu, le guerrier immortel des Grecs. Ce n'est vraiment pas faire preuve de discernement.
Pire, quand il rentre chez lui, il ramène les femmes qu'il a gagnées à la guerre. Il doit donc surtout à son idiotie de se faire assassiner par sa femme, légitimement jalouse des frasques de son mari.
L'autre idiot de la famille est Oreste, qui commettra un matricide pour venger la mort de son père, qui l'avait bien mérité. Je n'ai pas le temps de chercher, et surtout ce n'est pas le sujet, mais j'imagine qu'Oreste a dû se suicider une fois son forfait accompli.

Bref, les Atréide, avant Léto, brillent moins par la force de leur destin, que par la stupidité de leurs actes.
Si Herbert insiste sur ce nom, c'est pour signaler discrètement que Paul, Léto, Jéssica sont en fait d'une autre famille tragique de la mythologie Grec : Les Labdacides, les descendants de Laios, père d'Oedipe.

Le père est Laïos (dont le nom rappelle Léto), la mère Jocaste (la ressemblance avec Jessica n'est pas fortuite). Leurs fils est Oedipe.
C'est Paul Atréide qui a tué son père. Ca n'a jamais été Yueh le coupable. Personne n'a jamais brisé le conditionnement impérial.


Léto Atréide a toujours voulu une fille. Les Bene Gesserit lui ont promit une fille. Il a eu un garçon. Il n'aime pas ce garçon. Il l'éloigne, il lui fait subir les entraînements physiques les plus durs, sous prétexte de le préparer au métier des armes. Au fur et à mesure qu'il voit ce fils grandir, il regrette de plus en plus de ne pas avoir de fille.
Et ce fils, Paul, est parfaitement conscient de l'indifférence de son père. Peut être même de sa haine. Il soupçonne peut être à juste titre, que parmi les tentatives d'assassinat dont il est victime, certaine sont peut être du à son propre père. Gurney n'a t'il pas tenté de le tuer, lors de cette passe d'armes dangereuses? Qui a pu placer un tueur-chercheur dans sa propre chambre, après avoir donné l'ordre à Yueh de lui administrer un sédatif? Son père est une menace.

Pour Paul, la seule personne qui a un peu d'affection est sa mère Jessica. C'est une belle jeune femme. Elle l'aime plus que tout, car elle suppose qu'il est l'élu, le Kwisatz Haderach. Paul, aime cette femme.

Aussi, quand on lui propose une nouvelle épreuve, il n'hésitera pas.
Car l'énigme du Sphinx que subit Paul, est aussi très ressemblante à celle que subit Oedipe. La question qu'on lui pose sous peine de mort est :" Est-tu un homme, ou un animal". C'est la réduction, ou le miroir, de cet étrange animal à 2,3 ou 4 pattes, qui est en fait un homme.
Cette question, il la subit sous la menace du Gom Jabbar, et il sait parfaitement qu'il est un animal. Un animal qui désire tuer son père, et épouser sa mère. Mais il fera tout pour passer pour un homme, parce que son secret est bien trop lourd à avouer. Par culpabilité seulement, il vaincra l’énigme du Sphinx (du Gom Jabbar) est obtiendra ainsi l'amour de sa mère, qui sait désormais, sans doute possible, que son fils est l'élu.


Conscient de l'affection de sa mère, Paul va pouvoir profiter de l'attaque des Harkonnen pour accomplir sa vengeance. Il leur donne l’accès à la base. Et tue son père pour obtenir suffisamment de temps afin de fuir avec sa mère.

C'est lui qui écrira l'histoire. Plus tard il sera facile de faire accuser Yueh.

Son plan se déroule parfaitement.




La suite Mercredi prochain...




mercredi 2 janvier 2013

Personne ne se soucie réellement de l'Anneau Unique



-Qu'est t'il écrit sur cet anneau Gandalf? -Frodon, Il est écrit "un anneau Made in China"




Le seul pouvoir de l'anneau est de rendre l'utilisateur invisible. Même pas silencieux, juste invisible. Et alors le dieu le plus maléfique est en mesure de te voir de l'autre bout du monde. Pas terrible comme pouvoir magique.

Surtout quand on regarde les autres pouvoirs disponibles dans ce monde:

Des magiciens partout, qui détruisent des armées d'un coup de bâton magique. Des armures sans poids, des épées qui détectent les ennemis, des arbres qui marchent, des aigles de la taille d'une maison, etc.

Cet anneau semble pour le moins anodin dans ce monde de magie. On commence alors à douter de son réel but. Permet-il vraiment de détruire Sauron? Si son histoire est raconté en détail, le lien avec la destruction de Sauron est pour le moins tenu.

Et si l'anneau ne servait à rien? Si tout le voyage, qui paraît pour le moins inutilement laborieux, n'avait aucune utilité. Ou plutôt une utilité bien plus obscure et maléfique que la destruction de Sauron.

Si l'anneau n'était qu'un leurre. Gandalf, les elfes, les nains et les humains se sentent menacés par l'empire de paix et de technologie que Saruman est les orques sont en train de créer au Nord. Ils ont décidé d'exterminer le  merveilleux peuple orque une fois pour toute.

 Cependant, voila, il y a encore des êtres plein d'innocence et de paix dans les terres du milieu, les gentils hobbits. Ils admirent la technologie, les gadgets, ils fument de l'herbe, ils courent pieds nus et sont globalement des individus joyeux, naïfs et pacifiques. Ils verraient sans doute d'un mauvais œil un génocide du peuple orque.
  
 Qu'a cela ne tienne. Gandalf va concocter l'histoire la plus improbable pour que ces êtres trop gentils ne se mêlent pas de la Réal Politik qu'il compte mener.

 Il va donner une grande fête chez eux. Profitant de l'état second ou les réjouissances les ont mené, il raconte une vague histoire d'un dieu menaçant qui  ne peut être tué que par un anneau (?)

Il donne à Frodon l'anneau, lui demandant de ne pas trop l'utiliser (il n'a pas trop de charge magique disponible) et de l'emmener à Mont Doom pour le détruire.
  
Pendant que les hobbits suivent le trajet inutile de Frodon; Gandalf et ses alliés elfes, nains et humains commence l'extermination des orques.
  
On fait croire à Frodon, que des ombres sur des chevaux volant le pourchassent, cet adepte d'herbe de Lune y croit. On lui dit que l'anneau à un pouvoir immense, quand le moindre magicien en a dix fois plus, et le naïf hobbit se bat pour cette joaillerie. On lui adjoint un être complètement fou, Smeagol, pour qu'ils se montent le bourrichon l'un l'autre.

 Un humain prend pitié du sort des hobbits lancés dans une aventure sans sens, ni raison. Il tente de les prévenir de l'inutilité de leur quête et signale que l'anneau n'est qu'une vaine verroterie. Tout ce que Boromir récolte, c'est une flèche dans le dos.

Et pendant que les hobbit regardent ailleurs, Gandalf et Aragorn l'assoiffé de pouvoir et de couronnes royales exterminent les orques par milliers.