mercredi 17 septembre 2014

Le Terminator a été renvoyé pour rien



À cause d'une bande-annonce trop explicite, on oublie facilement que Schwartzenegger, dans Terminator 2, ne doit pas apparaitre comme le héros avant tard dans le film.



Parce que le Terminator est le méchant du premier opus, il semble l'être encore pendant le début du second. C'est une merveilleuse trouvaille cinématographique gâchée pour les spectateurs à cause du marketing.

Ou bien ce n'est pas que cela.


En effet, John sait que sa mère a échappé de justesse au Terminator dans le passé. Pourquoi renvoyer cet exact robot pour la sauver, elle et son fils (lui-même) de nouveau ? Il renvoie en protecteur le robot exact dont Sarah Connors va se méfier. Il y a peu de chances que le Terminator accomplisse sa mission alors que la personne qu'il doit protéger va tenter de lui échapper.


Si John a pu reprogrammer la puce du Terminator, il aurait aussi bien pu reprogrammer un autre robot. Ou si aucun n'était disponible, changer l’aspect physique du Terminator afin de ne pas effrayer sa mère.

Pire il renvoie un robot dont il connait l'inefficacité, puisque ce dernier a déjà échoué à tuer sa mère dans le premier opus.


Il agit comme s'il ne tenait pas du tout à être sauvé dans le passé. Et pour cause.

John est face à un dilemme temporel dont il ne peut pas s'échapper.
S'il ne se protège pas dans le passé en envoyant un protecteur, le T-1000 tuera son moi-adolescent, effaçant son existence dans le futur.

C'est pour cela qu'il doit faire quelque chose. Mais s’il empêche Skynet de développer une intelligence artificielle, les conséquences sont identiques : il n'y a pas d'affrontement avec les robots. Donc il ne renvoie pas Kyle (le héros humain du premier épisode) dans le passé pour sauver sa mère. Comme Kyle est son père, son existence s'efface.


Sa seule alternative pour vivre est de garder le status quo. Il doit sauver son moi-adolescent, mais il ne doit surtout pas empêcher Skynet d'exister.

C'est pour cela qu'il renvoie exactement le même Terminator dans le passé. Parce qu'il connait son incompétence. Il espère qu'il sera juste assez utile pour que sa mère soit effrayée et s'enfuit échappant ainsi à la vraie menace du T-1000. Mais pas assez pour détruire le T-1000 et permettre la destruction de Skynet.

John ne veut pas sauver l'espèce humaine. Il veut garantir que son existence se prolonge. Seulement le Terminator se révèle bien plus efficace dans le second opus. Il convainc Sarah qu'il est là pour la protéger, il parvient à détruire la puce qui permettrait l'existence de Skynet. Il détruit même le T-1000.


Rien ne va comme John avait prévu.


Pire, il reste un seul espoir de maintenir le statu quo. Que la puce du Terminator soit récupérée dans le passé. John enfant tente à tout prix d'empêcher Schartzenegger de se suicider. Il le supplie de vivre. Pas parce qu'il s'est soudainement attaché à un robot sans émotion, mais parce que l'adolescent a déjà compris (comme son futur-moi) que s'il meurt, plus de Skynet, et sans Skynet, lui même va disparaitre.


À cause de cela la fin du film est dramatique. Non pas parce que le robot est mort, mais parce que nous comprenons, nous aussi, que John va mourir.






mercredi 27 août 2014

La Fontaine le philosophe: Le lièvre et la tortue





Jean de La Fontaine n'a jamais observé de tortue. Dans la France du XVIIe, ces animaux ne sont pas présents : il n'y a pas de zoo. Les distances sont trop importantes pour observer les plus proches sur la côte Adriatique de l'Italie ou de la Grèce. La Fontaine est un génial analyste du comportement animal. La Fontaine n'a jamais observé de tortue.

Pourquoi donc mettre une tortue dans la fable du Lièvre et de la Tortue ? Un escargot fait aussi bien -sinon mieux- l'affaire.
Parce qu'il s'inspire d'anciens Grecs, Lafontaine a mis une tortue. Si la plupart des fables sont tirées d'Ésope, celle du Lievre vient du Philosophe Zénon. Vers 400 av. J.-C., Zénon d'Elée postule que si Achille fait la course avec une tortue (il a pu voir des tortues lui) et qu'il lui laisse 10 mètres d'avance, jamais Achille ne rattrapera la tortue, car pendant qu'il parcourt 1 m la tortue parcourt 10 cm, puis pendant qu'il fait 10 cm, elle fait 1 cm. À l'infini.

C'est ce paradoxe que Jean de La Fontaine résout avec cette fable. Sa première réfutation tient dans sa critique du postulat de départ de Zénon. Tout le paradoxe tient, non pas parce que le Grec suppose des distances que l'on peut diviser à l'infinie, mais part un fait bien plus simple que tout le début de la fable met en avant :

Achille ne peut pas rattraper la tortue, non pas parce qu'elle parcourt une petite distance à chaque fois qu'il avance, mais parce qu'il lui a laissé 10 metres d'avance.

Sans cette avance le paradoxe s'effondre. Achille parcourt 1 mètre, la tortue fait 10 cm et Achille a gagné la course. Merci à La Fontaine de nous rappeler ce fait important.

La fable souligne ce point. Le lièvre n'a aucune raison de laisser de l'avance à la tortue. L'essentiel de l'histoire consiste à justifier cette avance qui est logiquement injustifiable. La Fontaine donne une explication (la vanité du lièvre) à cette avance qu'Achille laisse à la tortue dans le paradoxe.

Mais ce n'est pas le point principal. La Fontaine a écrit la fable pour résoudre le paradoxe et il le fait. Après avoir critiqué les prémices illogiques qui fait tenir le paradoxe, il l'attaque la conclusion.
Zénon, avec son paradoxe, veut démontrer que le temps et l'espace ne sont pas infiniment divisibles. Comme Achille rattrape la tortue dans la réalité, c'est parce qu'au bout d'une certaine distance (l'atome) on ne peut plus diviser la distance. En 400 Av. J-C, Zénon prouve l'existence de l'atome.

En 1650, La fontaine prouve la relativité.
Avec la fable, il prétend que La tortue ne peut pas perdre contre Achille par le simple fait qu'elle est partie AVANT lui. Dans son reférentiel temporel elle est toujours devant. Si on lui a donné une avance, la relativité suppose que chaque coureur suit sa propre flèche du temps. Au moment où les deux espaces-temps sont adjacents, Achille dépasse la tortue. Mais tant qu'on lui donne une avance, et que son espace-temps est indépendant, elle est devant pour l'éternité.

La Fontaine finit ses fables par une morale. Du moins les fables qu'il reprend d'Ésope et qui ont un simple enseignement de sagesse et de bon sens. Les fables avec une portée scientifique commencent par la morale « Rien ne sert de courir... Le Lievre et la Tortue en font un témoignage. etc. »

De même, le récit "le Loup et l'agneau" commence par la « morale » : "La raison du plus fort... nous l'allons montrer tout à l'heure... etc. »
C'est une critique d'une pensée célèbre d'Héraclite (philosophe précédent Zénon de quelques années) : « On ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve »

Nous verrons une prochaine fois, comment La fontaine démonte l' enseignement de cet autre philosophe grec.

mercredi 16 juillet 2014

Moi, moche et méchant , un traité d'économie politique






Les minions sont les vrais stars de "Moi, moche et méchant" ("Despicable Me" en anglais). L'importance de leur rôle est telle que le second opus a créé des scènes qui ne font pas avancer l'histoire spécifiquement pour eux. Surtout le prochain opus sera centré sur eux.

Les minions — si l'on en croit le schéma en arrière-plan dans le laboratoire de Gru — sont des créations de manipulation génétique à partir de grains de maïs.
 Ce qui est important c'est qu'ils sont nombreux, travailleurs et très ressemblants. Si l'on veut savoir à quel stéréotype ils correspondent, on peut ajouter qu'ils sont tous jaunes.
Les minions sont la représentation de Chinois. C'est pour cela que leur signe distinctif sont d'immenses yeux ronds avec des lunettes. Parce que comme les Chinois, leur particularité morphologique principale est la forme de leurs yeux.

C'est pour cela que Gru a un fort accent russe.
Gru est russe. Il travaille avec les minions Chinois. Leur relation de travail sont basé sur la confiance, le respect et la proximité (Gru connait le nom et la vie de chacun de ses employés, et ceux-ci l'adore). C'est une représentation idéalisée du défunt bloc communiste de l'Est.

Cela semble exagéré ? Non ! L'ennemi que combat Gru est le fils du banquier de la Banque du Mal (« anciennement Lehman Brother »)
Le film est un commentaire sur l'affrontement entre le communisme Marxisme et le Neo capitaliste. Les néo-capitalistes détruisent les œuvres d'art (pyramide) tandis que les communistes tentent encore de conquérir la Lune.

Dans cette carte simplifiée du monde économique passé à quoi correspondent les orphelines ? Elles sont d'abord peu convaincues par le modèle économique qu'on leur propose alors qu'elles ont de bons échanges commerciaux avec le monde capitaliste — elles lui vendent des quantités importantes de cookies —.
Elles restent toutefois aliénées par la directrice de l'orphelinat qui les exploite pour son bénéfice personnel. C'est à cause d'elle qu'elles rejoindront le bloc communiste aussi aisément.

Alors quels pays, ou entités, représentent Édith la combattante, qui aime les armes, Agnès l'innocente passionné de licorne et Margo l'intelligente?

N'hésitez pas à le signaler si vous le savez. Ce qui importe, c'est que le film contre toute attente a eu un succès critique et populaire. Sans doute parce qu'il y a quelque chose de séducteur dans un régime communiste idéaliste — même quand il fait le mal — s'il combat les forces froides du grand capital.