mercredi 16 décembre 2015
Les paradoxes de Clio et Rami
Comme tous les ans je vais publier une nouvelle histoire de Clio et Rami.
La série de 4 histoires précédentes, reliées dans « Enquêtes Antiques », finit avec une menace très concrétée sur l'héroïne.
La nouvelle série qui commence avec « Le glitch de Guillaume le Conquérant » explorera plus attentivement les soucis de Clio et de l'agence qui utilise le voyage dans le temps.
Le titre de cette nouvelle série de quatre courts récits sera sans doute « Mélodrames Médiévaux ». Les malheurs y seront sans doute nombreux, et chacune des histoires sera centrée sur un personnage de l'époque médiévale : après la domination romaine et avant la découverte de l'Amérique.
J'envisage de terminer l'histoire complète dans la dernière série qui se nommera sans doute « Complots Contemporains » et qui mettra Clio aux prises avec les plus grands meurtres contemporains. Cela clôturera l'intrigue secondaire du Bureau et des agents qui tentent de s'emparer, ou de détruire, la capacité de voyage dans le temps.
Durant les quatre premiers récits déjà parus, j'ai utilisé quelques paradoxes pour faciliter, ou expliquer le voyage dans le temps qui est au coeur de l'histoire, mais qui reste un outil plutôt qu'un réel élément actif.
Le premier paradoxe est celui que je nomme la « mémoire en avant ». L'idée étant que les atomes qui composent Clio existait déjà dans le passé où elle se rend.
Confrontés à cette présence à la fois sensiblement appartenant à leur époque, et à la fois ayant été transformée au cours du temps pour former la Clio du futur, les habitants du passé ont une perception « nuageuse » de Clio.
C'est l'explication que je donne brièvement dans chaque récit. C'est juste un moyen de justifier en quelques phrases qu'une inconnue comme Clio puisse accéder au palais des rois sur la mort desquels elle enquête. Mais au-delà de l'aspect pratique pour raconter le récit (ne pas perdre de temps en sous-intrigue pour opérer tel ou tel interrogatoire) ; il y a dans l'idée, le concept impossible que les atomes qui composent la Clio du Futur, puisse reformer une Clio identique dans le passé. Ils retrouvent dans le passé, leur forme future. C'est sans doute la même idée avec laquelle je m'amuse à propos de Jean de la Fontaine et sa flèche du temps dans L'agneau et le loup.
Le second paradoxe apparait dans « qui a tué Jules César ? » C'est un hommage direct — la formulation reprend même en partie la formulation de l'original — au paradoxe crée par J.L. Borges dans « Tlon, Uqbar, Orbis tertius ».
Borges bien sûr est génial. Il postule un monde dans lequel les individus ignorent les relations de causalité Uqbar. Dans ce monde, les chercheurs proposent un paradoxe : Paul perd 9 pieces d'or sur le chemin. Pierre en retrouve 4 sur le chemin. Jean en trouve 2 le lendemain, et Paul retrouve les 3 manquantes chez lui. Le paradoxe n'a bien sûr aucun sens dans notre monde ou la causalité existe. Mais pour un monde sans causalité, il est inconcevable que le nombre de pièces trouvées soit le même que celui perdu.
J'ai repris l'idée centrale dans mon récit en l'appelant le « paradoxe botanique » : si on sème une graine dans le passé. Et que cette graine donne une fleur. Le seul moyen pour nous de semer cette graine c'est si la fleur nous a donné cette graine précisément dans le futur. C'est une autre formulation du cercle indépendant dans le temps. L'idée que rien ne peut être changé. Celle qui sous-tend l'intrigue de l'armée des douze singes. Le « paradoxe » étant que ce cercle d'existence n'a aucune raison d'être, ou d'être brisé. C'est une impossibilité tautologique. Clio tente de résoudre le paradoxe, j'ignore si je suis parvenu à rendre sa solution satisfaisante.
Le dernier paradoxe est moins un paradoxe, qu'une présentation de l'étrangeté des animaux. Mais c'est encore une trouvaille de Borges. Je croyais à torts que c'était une observation de mon invention, et c'est en relisant la nouvelle « le Sud » de l'auteur que je me suis aperçu du vol.
Dans « qui a tué Toutankhamon ? » je prétend que Rami, le chat, est offusqué que les humains perçoivent, par défaut, le temps comme une suite séquentielle. Sa façon à lui de percevoir le temps comme simultanée lui permet de découvrir avant Clio comment Toutankhamon est mort. J'étais très fier de cette idée que le chat voyait le temps comme un tout. Et pour cause, l'idée n'est pas de moi. Borges, dans le Sud, parle d'un chat pour qui le temps est continu.
Dans mon récit, confronté à l'observation de deux blessures sur la victime, Clio assume qu'elles sont consécutives. Le chat habitué à prendre les événements simultanément comprend qu'elles sont simultanées.
Voilà, j'espère que les 7 récits à venir auront moins d'emprunts à Borges.
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