mercredi 23 octobre 2013
Le second opus de "Ghostbuster" est "Un jour sans fin"
Dans « un jour sans fin » (Groundhog Day) Bill Murray n'arrive pas à mourir. Il vit la même journée en boucle. Le propos du film n'est pas de savoir comment, ni pourquoi il en est arrivé là. Lui-même ne se pose pas la question, mais il tente d'abord d'essayer de profiter de la situation, avant de tenter d'y échapper.
Dans Ghosbuster, le scientifique qui invente la machine à capturer les fantômes prévient Murray et ses amis qu'il ne faut pas faire converger les rayons radioactifs. Il ne précise pas les conséquences, mais tout le long du film les protagonistes évitent de croiser leurs rayons de captures.
Seulement à la fin, face au dieu sumérien venu sous forme de Marshmallow géant, ils se résolvent à faire converger les rayons pour fermer le portail démoniaque.
L'explosion qui en résulte est si violente qu'ils meurent tous. Et bien entendu comme toute personne qui meurt dans des circonstances surprenantes, ils se retrouvent sous forme de fantôme.
Murray fasciné par l'attention des médias vers ses exploits se tourne vers le journalisme. Il devient rapidement présentateur pour une chaîne de télévision, et est amené à couvrir le jour de la fête des marmottes.
Murray est un fantôme. C'est la première fois qu'il se trouve loin des cages de contentions et des rayons qui permettent de capturer les fantômes. Murray est un fantôme libre en plein Punxsutawney (Pennsylvanie).
Les fantômes hantent le lieu de leur mort. Les fantômes ignorent qu'ils sont morts. Les fantômes font les mêmes gestes jusqu'à ce qu'ils règlent ce qui a causé leur malédiction.
Murray vivra le même jour en boucle. Il est mort, il l'ignore. C'est pour cela que c'est particulièrement pathétique quand il déclare lors d'un accident d'un des habitants de Punxsutawney que « personne ne doit mourir, pas ce jour-là ». C'est pathétique parce qu'une personne est morte ce jour-là : Murray.
À la fin du film, Murray a vaincu la malédiction. Ce n'est plus un fantôme et il peut quitter le jour sans fin. Il n'y arrive qu'en gagnant l'affection d'Andy MacDowel. C'est surprenant parce que jusqu'à présent il n'a témoigné d'aucune espèce d'attirance pour cette femme.
C'est troublant, parce que dans ghostbuster la première apparition du Dieu sumérien de la destruction est sous la forme d'une femme. C'est rare de représenter ainsi un dieu de la destruction. Presque plus rare que de le mettre sous la forme d'un bonhomme de Marshmallow géant.
Murray peut quitter le jour sans fin parce qu'il a enfin obtenu le pardon de Gozer, le dieu sumérien de la destruction sous la forme d'Andy MacDowel. Ou plutôt parce que le dieu lui permet de rejoindre le rang de ses serviteurs.
mercredi 16 octobre 2013
"Invasion Los Angeles" relate un fait réel des années 60
Au milieu du film de Carpenter, se déroule une scène de 15 minutes, durant laquelle le héros John Nada se bat à main nue avec son ami Frank Armitage. Cette scène n'est pas uniquement surprenante à cause de sa durée. Elle ne fait aucun sens pour plusieurs raisons :
- « Invasion Los Angeles » n'est pas un film de combat. C'est le seul et unique affrontement.
- On a passé l'heure précédente à poser l'amitié et la proximité des idéaux de ces deux combattants qui finiront en sang après la scène.
- Le motif du combat est trivial : John veut que son ami porte une simple paire de lunettes. Rien qui justifie la lutte violente. Rien qui justifie une lutte de 15 minutes avec des barres de métal et des pavés.
Cette scène est la clef du film. Elle est temporellement centrale. Elle est unique. Elle révèle que le film ne parle pas d'une invasion extra-terrestre.
Le sujet du film est la critique du jugement d'autrui sur son apparence.
Les aliens sont horribles. Physiquement. Ils ressemblent à des squelettes de métal rouillé. Pourtant si leurs cruautés sont sous-entendues, ce ne sont jamais eux qui font preuve de violence.
Les premières violences policières sont accomplies par des humains.
Quand on aperçoit enfin les aliens (grâce aux lunettes), ils se livrent à des activités complètement pacifiques et cotidienne. Lecture de magazine, coiffeur, retrait bancaire.
La seule violence de tout le film dont on est certain que son auteur est un alien provient du policier qui pourchasse le héros. Mais ce « héros » vient de menacer, et de tirer sur des civils avec un fusil durant les scènes précédentes. Et pourtant ce policier ne tente pas de tuer le héros, il essaye encore juste de l'arrêter.
Les humains, eux sont corrompus. Certains travaillent avec les aliens, et ce sont ceux-là qui expliquent au héros que les intentions des aliens sont mauvaises. Jamais un alien lui-même. Et surtout c'est un humain qui tue le héros.
Voilà pourquoi Frank Armitage, l'Afro-Américain ami du héros refuse de porter les lunettes de soleil. Il refuse de juger des hommes sur leur apparence. Il le refuse parce qu'il connait le fonctionnement du racisme, qui commence toujours par la critique de la différence purement physique.
Refuser de porter les lunettes, c'est refuser de voir que les aliens sont horribles et tenter de les juger sur leurs actions. Une fois qu'il voit leur laideur, lui aussi cède au « racisme » du héros et tente de les éliminer.
Une des premières scènes violentes du film montre la police, de concert avec l'armée, envahissant un quartier pauvre de Los Angeles. Il y a des tanks, des hommes casqués armés de fusils mitrailleurs dans un quartier pauvre de la ville.
Cette scène se passe à Los Angeles. Ce n'est pas un hasard. L'événement le plus traumatisant de l'histoire moderne américaine est la manifestation qui a eu lieu à Los Angeles du 11 au 17 Aout 1965.
Agressés par la police blanche dans le quartier pauvre de Watts, des noirs Américains ont lancé une manifestation de protestation. La réponse des autorités a été violente. L'armée a été appelée. Il y eut des tirs dans les rues pendant 1 semaine entière. Les tanks sont intervenus avant que le calme ne soit rétabli.
C'est de cela dont parle « Invasion Los Angeles ». La violence dont on peut faire preuve contre une minorité au physique différent. Les extra-terrestres n'ont jamais envahi la terre. Ils sont juste pas beau à regarder.
mercredi 9 octobre 2013
Les Weeping Angels révèlent nos démons intérieurs
De tous les monstres de la série Docteur Who, les plus effrayants et les plus symptomatiques sont les Weeping Angels. Ces statues qui s'animent pour nous tuer, uniquement quand on a le dos tourné.
Les Weeping Angels ne font pas peur. Ce sont des statues de femme avec des ailes. Les plans où l'on voit leur bouche ouverte aux dents aiguisées, et l'aspect agressif de leur visage sont les moins effrayants. Ce qui fait peur c'est le concept sous-jacent.
Ce n'est pas de penser qu'une créature immobile va essayer de nous tuer si nous tournons le regard qui fait peur. Cette crainte nous la connaissons déjà. Elle tient au monstre sous le lit de notre enfance. C'est une peur que nous avons appris à contrôler. Ce qui nous rend mal à l'aise dans les Weeping Angels est plus profond.
D'abord il convient de relever certains points important sur ces monstres :
- Ce sont des Anges ! Ce ne sont pas des monstres. Voilà la première raison de notre terreur. Ce n'est pas le loup caché sous le lit qui nous attend. Nous avons affaire à un être bénéfique. Presque divin. Ce qui nous fait peur c'est que cette créature merveilleuse et bienfaitrice, ne peux nous vouloir aucun mal.
- Ils pleurent. « Weeping » signifie pleurer. La série ne les montre jamais en train de pleurer. La série n'explique pas pourquoi ils pleurent. Mais notre cerveau lui a fait immédiatement le rapprochement. Ces monstres sont tristes. Tellement triste qu'on les appelle ainsi en raison de leur tristesse.
- Ils se transforment en statue quand on les regarde.
Et ça nous donne la clef de notre mal-être devant l'existence des Weeping Angels. Ce sont des anges, des êtres bénéfiques. Bien plus divin et pur que la femme de Lot. Pourtant, elles aussi, quand elles regardent, se transforment en Statue.
Car c'est ainsi que fonctionnent les Weeping Angels : quand elles nous voient, nous, cela les transforme en statue. Pas quand nous les regardons. Quand elles voient nos yeux. Ces miroirs de l'âme. Alors, comme la femme de Lot, elles se solidifient.
Une autre légende contient la vue avec la damnation. Orphée remontant des Enfers, ne dois pas regarder derrière lui. Quand il le fait, il ne se transforme pas en statue, mais il perd la femme qu'il aime.
L'idée de la légende d'Orphee ou de Lot, c'est que regarder quelque chose d'horrible vous cause du tort. Regarder les enfers, regarder la destruction de Sodome et Gomorrhe. Il ne faut pas le faire. On risque d'être transformé en statue.
C'est ce qui arrive aux Weeping Angels. Elles nous ont regardés. Elles ont vu l'horreur, l'enfer, le chaos dans nos yeux. C'est ça qui les transforme en statue.
C'est pour cela que nous avons peur des Weeping Angels. Parce qu'elles nous font comprendre que c'est nous le monstre.
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