mercredi 21 décembre 2016
Barberousse le pirate
La série Clio et Rami est à son sixieme tome (disponible à la fnac).
En fait, je suis ici, dans le second opus de 4 histoires.
La première série de 4 histoires est regroupée dans Enquêtes Antique (lien fnac). Ce sont les histoires les plus anciennes dans le temps. Et elles ciblent des lecteurs plus jeunes.
Cette série de 4, commencé avec « Guillaume le conquérant » (et dont Barberousse est le second récit), regroupe la période avant la Révolution française. Je ne comptais pas du tout parler de bateaux, et encore moins de Pirates.
Mais en cherchant sur quel mort Clio devait enquêter, je n'ai pas pu m'empêcher d'envisager un pirate, malgré moi. Barberousse ou un autre. Mais il m'est apparu comme une nécessité d'avoir une histoire de pirate dans un récit jeunesse.
Parce que, enfant, j'ai été marqué (terrorisé même) par Long John Silver et l'île Mystérieuse. Plus tard, le scarabée d'or (même s'il n'est pas de l'époque des pirates) de Poe m'a marqué sans doute par l'intelligence de son enquêteur, mais sans doute aussi parce qu'il y a des têtes de morts, et un insecte qui sort de leurs orbites.
Ce sont des images qui ont marqué ma jeunesse et qui m'ont poussée presque malgré moi à écrire ce petit récit sur les pirates.
Maintenant que j'en parle, je m'aperçois que mon enquête propose peu d'image aussi dérangeante, ou de situation aussi effrayante que dans ces 2 récits de ma jeunesse. (Pourtant, il y a une interaction entre Clio et des pendus qui s'en approche un peu.)
J'avais prévu, il y a longtemps, mes 4 récits de la période moyenâgeuse. Ça devait être des histoires de chevaliers, de sièges, de croisade peut-être. Les pirates sont arrivés d'eux même. Comme en abordage. En cela, il y a une sorte de concordance. Après tout, comme il se doit, les pirates ne respectent aucune règle (malgré ce que je prétends dans cette enquête)
mercredi 23 novembre 2016
Le message politique du monde de Dory
Après le monde de Nemo, on peut s’étonner légitimement que la suite, qui met en avant le personnage le plus attachant du film précédent, soit un semi-échec.
L'histoire est pleine d'émotion comme le premier. En fait, tout le film est une redite du premier, avec pour personnage central, non plus Marlin mais Dory.
Comme dans le un, il s'agit d'être réuni avec sa famille. Comme dans le un, il s'agit d'accepter que ceux auxquels on tient prennent des risques (Marlin doit faire confiance à Nemo dans le un, ici à Dory). Comme dans le un, il y a des personnages hauts en couleur qui aident le héros :Dory, Gils, les tortues, et même les requins aident Marlin dans le un, ici il s'agit d'Hank, de Destiny et de Bailey.
L'histoire à moins de temps mort, plus d'action, une charge émotive plus forte, avec la pauvre enfant qui ne se souvient de ses parents que par flash. Tout est mieux que dans le premier, les cascades, l'émotion, les images, l'action, les personnages secondaires... pourtant le film est moins bon.
Pourquoi ?
Parce qu'il se passe en Californie.
Ou plutôt, pourquoi un poisson-clown de la barrière de Corail se retrouve de l'autre côté du Pacifique en Californie ? Dans le premier film, rien que pour rejoindre Sydney tout proche, Marlin passe par les pires épreuves, ici, il traverse une distance cent fois plus longue en moins de temps.
Pire le film n'a aucune raison de se dérouler en Californie. Puisque tout se passe dans un aquarium, qui peut être n'importe où: en Australie, en Asie.
Il fallait que le film se passe aux États-Unis. Ce n'est pas une volonté marketing. Le premier a très bien marché en étant situé en Australie. C'est une volonté des scénaristes : une volonté politique.
Le film se déroule aux USA, parce qu'il s'agit d'un commentaire sur les élections à venir entre Trump et Clinton.
Pour cela, que Hank ne veut pas sortir de l'aquarium ! Il se ferme à l’extérieur. Pour cela, que Destiny se heurte à un mur: le mur que Donald Trump dès le début de sa campagne a promis de construire contre le Mexique.
Les scénaristes étaient terrorisés par les élections à venir. Dory aussi, dont le doublage est en VO, est réalisé par Ellen DeGeneres, une animatrice télévisée homosexuelle et engagée.
Le film tente de nous faire comprendre que Trump ne doit pas passer. Hank, d'abord méchant parce qu'il veut rester enfermé dans le « paradis », doit apprendre à s'ouvrir aux autres, et sortir de la Californie. Destiny franchit le mur.
Pour cela, que les parents de Dory sont à l’extérieur de l'aquarium ! Le film promeut l'ouverture des USA à la culture étrangère. Il n'y a plus de requins dans ce film, parce que l’extérieur ne doit plus être un endroit dangereux.
Il ne faut pas en avoir peur. Et Hank finira par sortir comme Destiny et Bailey.
Mais l'insistance des scénaristes à identifier l'aquarium avec les USA et la mer avec l'étranger ne s'arrête pas là. À la fin, de pauvres poissons sales et affaiblis sont recueillis par les USA. Le message est encore évident, le pays doit accepter les réfugiées et les aider.
La fiction s'encombre mal de message politique. Même ceux pétris de bonnes intentions. C'est pour cela que le monde de Dory, bien meilleur que son prédécesseur plaît moins au public. On regarde des films pour se changer les idées, pas pour être subtilement ramené à notre triste réalité.
mercredi 26 octobre 2016
Il n'y a pas d'histoire dans Prometheus...juste une vieille hérésie
Prometheus a tellement d'incohérence dans son histoire que l'on peut se demander de quoi parle le film.
Riddley Scott pourtant fait un travail remarquable à répéter, et répéter et répéter encore qu'il parle de religion. Sauf qu'il se contente d'évoquer des points importants de diverses religions, sans que cela ait une importance dans l'histoire.
Le fait que le film se passe à Noél comme le rappelle le capitaine du navire n'a aucune importance pour l'histoire. C'est juste une façon de rappeler à l'audience que le film parle de religion. Mais sans jamais donner une explication, une analyse, ni même un parallèle.
Toutes les scènes du film les plus étranges sont en fait un « clin d'oeil » à un événement religieux quelconque. Sans but, hormis de rappeler le thème : la religion.
C'est pour cela que la première scène d’Ellie la montre enfant en Inde. Elle semble voir un cadavre pour la première fois. Elle interroge son père. Cela évoque le début du voyage de Boudha. En bref, Boudha à l'origine est un prince coupé du monde. Un jour, il sort du palais, voit un vieux. Puis un malade, enfin un cadavre. Il découvre ainsi la vieillesse, la maladie et la mort, dont il ignorait tout.
La scène se passe en Inde parce que Boudha est indien. La scène ne sert à rien. C'est juste pour rappeler un événement important du bouddhisme. Où alors Ellie est le bouddha ?
Mais, Ellie se nomme Elizabeth. On la surnomme Ellie sans raison. À part que Eli est le nom d'un juge hébreu. Qu'a fait ce juge ? Il a découvert une femme qui priait pour avoir un enfant parce qu'elle ne pouvait pas en avoir. Il lui a promis que si elle priait Yahve elle aurait un enfant. Voilà exactement ce qui arrive à Elizabeth. Qui est aussi Eli, la juge qui accorde des enfants au nom de Dieu.
Est-ce que cela a un sens dans le film ? Non ! Mais cela renforce le thème. On parle de religion.
David l'androïde suis la nomination des androïdes dans les films de Riddley Scott. Dans le premier Alien, l'androïde s'appelait Ash. Dans le second, il se nomme Bishop. Dans le suivant, c'est Call.
Seulement, voila, chronologiquement dans l'univers d'Alien, David est le tout premier androïde crée. Son nom devrait avoir deux A (pour aller avec Ash) ou être un numéro.
Mais il s'appelle David, pour rappeler le célèbre Roi des Juifs. Comment est célèbre le roi David ? Il a tué Goliath par la ruse. Un géant. Tout comme David, l'androïde parvient à tuer un géant de la race des ingénieurs en prevenant Ellie qu'il arrive pour qu'elle le donne en pâture à l'Alien.
Le nom ne sert à rien. C'est encore une fois, un rappel d'un autre mythe religieux célèbre.
Tout est comme cela. À chaque incohérence.
Le vaisseau qui roule pour écraser Meredith Vicker. Etrange. Ça rappelle un mythe dans lequel un dieu invincible est tué par une roue qui l'atteint à son seul point faible.
David qui n'a pas de tête au moment ou Ellie sort de son opération en flageolant à moitié nue. Rappelle Salomé faisant un strip-tease pour obtenir la tête du prophète Jean Baptiste.
L'opération d'Ellie avec un appareil médical ne servait qu'aux hommes, doit sans doute évoquer un de ces dieux masculins tirant une créature de son flanc. Parce que le fait que l'appareil soit réglé uniquement pour les hommes ne sert à rien dans le film: Ellie résout le problème immédiatement.
Pourquoi rappeler sans cesse la religion dans ce film ?
Parce que Riddley Scott a voulu offrir un nouveau mythe de la création. Pour que son mythe soit solide, il a décidé de prendre des éléments disparates à tout les autres religions. Sans sens, sans explication. Juste pour souligner que lui aussi fait la même chose dans le film : Il nous donne un mythe.
Le mythe de Riddley Scott n'est pas une création originale. C'est une vieille hérésie :
L'idée que notre créateur est lui même une création.
C'est ce que les héros du film demandent. Qui a créé les ingénieurs. C'est la réponse que cherche Ellie, quand elle part à la fin du film.
C'est la vieille hérésie du Manicheisme : notre monde est plein de défauts, et de mal, parce que le Dieu qui l'a créé est imparfait. Il a lui-même été créé par un dieu un peu meilleur, qui lui-même a été créer par mieux que lui, et caetera jusqu'au réel Dieu, des centaines de créations au-dessus.
Les ingenieurs sont pareil. C'est ce que Riddley Scott voulait expliqué. En prenant à toutes les mythologies du monde. Pour rappeler qu'il ne parle que de religion.
mercredi 14 septembre 2016
Les Ingenieurs de Prometheus (2012) ne sont pas des dieux
Si beaucoup des événements de Prométheus semblent aléatoires et insensés, ils sont en fait parfaitement délibéré. Par exemple, il peut sembler étrange que pour se déplacer, les ingénieurs utilise une flûte.
Visuellement c'est ridicule de voir un être de 3 m de haut jouer de la flute*. Ce n'est pas une décision artistique, c'est une décision scénaristique : la flute est un indice. Comme le sapin, comme le nom du vaisseau.
C'est Noël quand le vaisseau arrive parce que le film parle de religion et de dieux.
Le titre du film Prometheus n'évoque pas le vaisseau (du même nom), mais le dieu qui aide les hommes dans la mythologie romaine. Prometheus n'est pas seulement un dieu, c'est aussi un géant dans la légende. Comme les ingénieurs. Si le Prometheus Romain se contente de donner le feu aux hommes et est sacrifié par les autres dieux en punition, celui du film se sacrifie pour créer la race humaine.
Vient la question principale du film : qu'est-ce qui se passe ? Parce qu'à part les événements d'horreur, et de lutte contre le xénomorphe du film; Il n'y a absolument aucune explication sur le comportement des ingénieurs, de la boue noire, de l'attaque des humains par le dernier ingénieur. Rien ne semble faire sens.
Au début les ingénieurs créaient la race humaine. Puis ils montrent une planète à divers groupe humain. Depuis les hommes préhistoriques jusqu'aux Égyptiens.
Cette planète n'est pas une invitation à venir les rejoindre. Puisqu'on le découvre dans le film, elle est vide. Vide à part une arme chimique : la boue. Donc le message que donnent les ingénieurs est simple : obéissez sinon... quelque chose viendra de cette planète pour vous exterminer. Ce message est transmis à tous les peuples qui croient. Ce message est lié à la religion.
Il y a 2000 ans. Peu après la mort du Christ, les ingénieurs décident de mettre leur menace à exécution. Cela se passe mal, ils meurent tous sauf un.
Que s'est-il passé, pour qu'auprès des dizaines de religions (égyptienne, inca, sumérienne, préhistorique, etc.) les ingénieurs décident soudain de détruire l'humanité avec la boue ?
Jesus Christ. Un homme (leur création) qui prétend être dieu.
Quand Wayland arrive devant l'ingénieur, celui-ci l'écoute calmement. Puis Wayland demande l'immortalité. Dans une scène bonus du film, l'ingénieur demande ce qu'a fait Wayland pour mériter ce cadeau. Wayland répond qu'il est comme un dieu : il a créé le cyborg David.
Alors seulement, l'ingénieur attaque. Parce que les ingénieurs ne supportent pas que leur création se prenne pour dieu. Ils acceptent que les humains vénèrent des dieux étranges, mais ils veulent que ces dieux soient à leur image : comme les géants des Romains ; ou les Égyptiens qui vinrent des hommes à tête d'éléphant, ressemblant le casque des ingénieurs.
Mais jamais leur création ne peut prétendre être dieu. Sinon il faut les exterminer. Ou par une forme de vengeance appropriée : les soumettre à la boue, pour déterminer s'ils arriveront eux aussi à véritablement créer une nouvelle espèce intelligente. Ils n'y arrivent pas. Les hommes soumis à la boue ne créaient que des aliens xénomorphes.
Pourtant les ingénieurs aussi ne créaient que des aliens. Comme le prouve les cadavres trouvés dans le vaisseau et qui ont tous la poitrine déchiquetée par l'ancien hôte alien.
La création des humains est un hasard. Seul un ingénieur, le premier du film, est parvenu à créer une race intelligente en ingérant de la boue. C'était lui le dieu. Le seul. Prometheus.
C'est pour cela que les ingénieurs veulent retenter l'opération sur les humains. Ils espèrent que l'un d'eux aussi est un dieu. L'un d’eux ne produira pas un alien, mais une nouvelle race. Il suffit de leur apporter la boue noire et le hasard décidera.
Peut-être ont-ils eu le temps d'en ramener un peu sur terre. Après tout Jesus Christ serait sorti de son tombeau. Un peu comme le géologiste mort qui attaque le vaisseau.
*La flute bien sûr évoque le « joueur de flute de Hamelin », celui qui éloigne les rats de la ville. Puis tue les enfants de la ville quand il n'est pas payé comme il l'entend. L'ingénieur qui veut aller sur terre a, lui aussi, décidé de se venger.
mercredi 24 août 2016
Le retour du plus petit président
La candidature officielle de Nicolas Sarkozy n'est pas une surprise. La perspective en était tellement discutée au cours des mois précédents que cela m'a inspiré ce petit conte (disponible sur Amazon en Kindle ou sur la Fnac)
S’il y a des mois je savais que Sarkozy se représenterait ce que j'ignorais, c'est les raisons. C'est pour cela que l'on écrit des histoires. Ou pour cela que je tiens ce blog qui trouve des explications aux événements les plus surprenants de la fiction.
Sarkozy avait promis de se retirer de la politique. Ce genre de promesse tient. On se souvient que Lionel Jospin avait tenu la même promesse. Pour Sarkozy, rompre cette promesse me semble encore plus incompréhensible : il a connu le pouvoir absolu. Il n'a plus d'ambition, il ne peut rien obtenir de mieux politiquement.
Si le pouvoir (qu'il a connu) n'est pas le moteur. Ce n'est pas non plus l'argent. Le salaire de président est ridiculement bas. Sarkozy comme Blair, ou Al Gore, peut obtenir des conférences/coaching/consultant, ou il est payé 100k pour 2h, bien au delà de ce que le métier de président lui offre. Et avec moins de pression.
C'est pour répondre à ces questions que j'écrit. Qu'est ce qui peut motiver quelqu'un, qu'est ce qui peut se passer, pourquoi il se passe cette chose innatendu.
C'est en suivant ce raisonnement que j'en suis arrivé à la conclusion que Sarkozy ne pouvait vouloir se présenter que pour une seule raison : par amour.
Parce que le bonhomme a une histoire sentimentale intéressante. Lors de sa candidature précédente, il cachait la séparation d'avec sa femme. Les rumeurs de cette séparation étaient si importantes qu'un des points de mon premier conte (gratuit : le plus petit président du monde) était de ne PAS nommer la femme du président.
Sans surprise après son élection il s'en sépara, et épousa le top modèle/chanteuse Carla Bruni.
Il doit s'agir de quelque chose de semblable, pour qu'il décide de rompre sa promesse. Il a peur de perdre sa femme. Ou il l'a déjà perdu, et compte sur son futur job pour lui permettre d’en retrouver une.
Je ne pouvais pas explorer toute la question dans le conte parce que les enfants se moquent de l'amour sentimental. Mais une fois que j'avais le moteur, tout le reste vient de soi-même. Plus important, en tant qu'être humain, j'avais enfin une explication solide à cette étrange rupture de promesse, et je peux désormais dormir paisiblement sans craindre que le monde soit un endroit imprévisible, ou chacun rompt ses promesses sans raison.
Ce que je prédis dans le conte, c'est que Nicolas ne passera pas les primaires. Surprenant! Vous l'avez lu ici en premier!
mercredi 20 juillet 2016
Dans Exam (2009) il s'agit de planifier un génocide
Dans le film de 2009 Exam de Stuart Hazeldine, les prémices ressemblent beaucoup à ceux de Cube.
Huit candidats sont enfermés dans une salle d'examen. Ils sont tous candidats pour un poste prestigieux dans une organisation prestigieuse. Comme dans Cube, chaque candidat représente un archétype.
Comme dans Cube, il y a un autiste. Il y a un ancien militaire, il y a aussi un représentant de chaque race. Une Asiatique, un Noir, un Indien, une blonde, une brune, une Américaine du Sud, et un nord americain.
Les personnages durant l'examen se rendent compte de cette diversité et postulent qu'elle a un sens.
Parce que, le propos d'Exam, est que les candidats ont une question à laquelle ils doivent répondre en moins de deux heures. Le souci : Ils ignorent la question. Donc ils entreprennent de résoudre ensemble ce problème.
Comme dans Cube, les personnages essaient de travailler ensemble avant de se retourner les uns contre les autres. Monsieur Blanc, l'archétype du Blanc, est le premier à proposer une solution à lui : être le dernier présent dans la salle d'Exam. Il fait donc éliminer les autres candidats, en utilisant les règles données par l'examinateur au début du film.
Pourtant la ressemblance avec Cube s'arrête là. On apprend réellement à quoi sert l'Exam. On apprend que la terre subit un virus mortel, et que l'organisation qui recrute est celle qui a découvert un antidote.
Le propos de l'Exam est résolu à la fin : il fallait bien découvrir la question cachée, et y répondre sans causer du tort aux autres candidats. Le « vainqueur », madame Blonde, sera en charge de distribuer la nouvelle drogue de l'organisation, une drogue qui accorde l'immortalité aux humains.
Pourtant si contrairement à Cube toutes les questions trouvent une réponse à la fin, il y a une question, posée au début, qui reste sans réponse : pourquoi avoir choisi des candidats appartenant à chaque groupe ethnique?
L'Autiste est le patron de l'organisation. Il s'élimine lui même rapidement. Il cherche, dit-il, à recruter la personne en charge de la distribution de la drogue d'immortalité. Il prétend cela, mais cela ne justifie pas qu'il est placé un membre de chaque ethnie dans la salle d'examen.
Parce que son vrai but est bien plus sinistre. C'est un scientifique fou. Il laisse les candidats se torturer entre eux (certes, il sait qu'il peut les ramener à la vie, mais la douleur reste la même).
Ce scientifique qui a découvert le secret de l'immortalité ne veut pas du tout le distribuer en se basant sur l'empathie, et le talent d'observation d'un candidat (ce qu'il prétend).
Non. Ce scientifique autiste résout son problème de façon scientifique : il place un membre de chaque ethnie dans la salle d'examen. Parce qu'il croit ainsi créer un test scientifique. Il croit pouvoir en une seule épreuve déterminer quelle espèce mérite le plus sa drogue d'immortalité. À la fin, il choisit la blonde.
C'est donc selon son esprit dérangé le modèle d'humanité qui mérite de survivre. Ainsi, il va laisser les noirs, les Indiens, les brunes, les Asiatiques mourir. Il ne sauvera que les blondes. Il est fou.
mercredi 27 avril 2016
Madame Bovary est un conte
Flaubert n'a jamais créé le roman réaliste.
Flaubert a écrit des contes. De son recueil clairement intitulé « trois contes » ; jusqu'à Bouvard & Pecuchet, qui n'est qu'une fable ; En passant par Salamnbo, cette épopée poétique ; Flaubert vise au merveilleux avec ténacité.
Il prétend que Madame Bovary est inspirée d'un fait divers bien réel. Il insiste dans le texte sur le détail réel et concret. Flaubert a dépensé beaucoup d'énergie à présenter son récit comme un fait réel. Cela même devrait nous mettre en garde.
Si l'auteur veille autant à ancrer son roman dans la réalité, c'est parce que c'est tout le contraire. Enfant, petit Flaubert a dû être exposé au récit qui fait sensation depuis sa parution au début du siècle (1808) : les contes de Grimm. Ces contes ont tant d'influence sur l'enfant, qu'il ne veut plus que faire des choses semblables. Ce que, une fois adulte, il veillera à créer avec application.
Un conte en particulier marque le futur écrivain. Il décide d'en relater sa propre version. Mais pour s'écarter au maximum de la source, il décide (à l'opposé de ses habitudes d'écriture féerique) d'en faire un récit très réel.
Comme Blanche Neige, Emma Bovary a la peau très pâle. Comme l'héroïne dans Grimm ses cheveux sont sombres, et elle est très belle.
La scène qui révèle complètement l'influence du conte sur Flaubert et la scène de fin du conte. Chez Grimm, la violence ne s'encombre pas délicatesse sous prétexte que le texte s'adresse à des enfants. Quand Blanche Neige marie le prince charmant, elle invite sa marâtre au mariage. Quand elle est là, elle la force à porter des chaussures de métal chauffé au rouge et à danser jusqu'à ce qu'elle meurt.
Flaubert enfant a été terrorisé par cette scène. Il la reprend avec autant de violence dans son roman. Charles prétend soigner le pied bot d'Hippolyte. Avec autant de détail, il décrit la découpe des tendons, puis la gangrène et la mort de ce personnage secondaire. Toute cette scène du pied bot n'illustre rien. Elle ne fait pas avancer l'intrigue, elle ne qualifie pas mieux les personnages. Elle est cruelle sans raison. Elle n'est là qu'en pendant à la mort de la marâtre de Blanche Neige.
Mais ce n'est pas tout. Autour d'Emma Bovary, il y a beaucoup de personnages secondaires. Combien ? Sept : Charles, Léon, Rodolphe, Monsieur Homais le pharmacien, Lheureux le préteur sur gage, Justin le commis et Binet le percepteur.
Ce que Flaubert n'a pas inclus dans sa ré-écriture c'est un prince charmant. Son récit s'arrête quand Emma mange le poison (la pomme empoisonnée).
Gageons que si le roman avait reçu un accueil favorable (au lieu d'un procès pour atteinte aux bonnes moeurs) nous aurions eu un tome deux.
mercredi 16 mars 2016
Gilgamesh est le récit d'une très très très vieille tradition orale
Il n'y a aucun
récit célèbre dans l'histoire de l'humanité qui parle d'amitié.
Don Quichotte est
plus le maitre de Sancho Panza, ou l'un est le faire-valoir de l'autre. Achille
et Patrocle sont amants. Bouvard et Pecuchet sont les deux facettes de la même
pièce, presque un seul individu.
L'amitié n'est pas
un sujet de roman, même pas une bonne histoire. Au mieux elle cache un amour
secret, au pire, ce n'est que la façon de séparé un personnage en deux.
Sauf pour la toute
première histoire de tous les temps : L'épopée de Gilgamesh.
S'il faut raconter
la première histoire que l'humanité a jamais écrite : alors c'est histoire de
deux amis qui se rencontrent.
Gilgamesh est roi
de Sumer. Civilisé, policé et puissant. Pour calmer son orgueil, les dieux
créaient un être fruste, indomptable et tout aussi puissant : Enkidu.
Ce n'est pas un
hasard que la première histoire de tous les temps soit la rencontre de 2 êtres
dissemblables qui se liront d'amitié. C'est parce que cela a dû être l’histoire
la plus perturbante de l'humanité, une histoire si perturbante qu'elle nous
fascine encore alors que nous avons oublié l'avoir déjà vécu : la rencontre
d'une autre race intelligente.
Il y a 40 000 ans,
les Sapiens ont la peau noire. Ils sont fragiles, leur seule façon de survivre
consiste à rester en groupe social et à chasser en épuisant leur proie. Des
coureurs de fond sans fourrure pour les empêcher de transpirer avec des os
légers et la pupille blanche qui permet d'indiquer en silence ce que l'on
regarde.
Un jour, ils
rencontrent une espèce complètement différente. Neandertal vit au nord, il a la
peau claire pour absorber le soleil, ses muscles et ses os sont épais, il est
lourd, il court mal. Ils vivent un tout petit groupe parce qu'ils sont
puissants. Ils digèrent tout.
La rencontre est
si traumatisante que les descendants la racontent pendant des milliers d'années
au coin du feu.
C'est pour cela
qu'Enkidu est un homme des bois qui parlent aux animaux, c'est ainsi que les
Sapiens ont vu Neandertal qui vivait en famille plutôt qu'en tribu. À manger
parmi les bêtes avec sa mâchoire puissante.
Comme Gilgamesh
apprivoise Enkidu en lui offrant une femme, les Sapiens ont dû agir de même.
Nous en sommes le résultat.
Quand Sapiens et
Neandertal décident de vivre ensemble, les Sapiens décident de leur apprendre
leur technique de chasse à la course. C'est exactement la façon dont Gilgamesh
tue le monstre Humbaba : il l'épuise à la course. Que fait Enkidu, le guerrier
invincible ? Participe au combat ? Non ! Les Neandertal ne sont pas fabriqués
pour courir si longtemps, ils ont trop de fourrure, des os trop lourds. Enkidu
encourage son ami à poursuivre le monstre Humbaba, jusqu'à ce que ce dernier
s'effondre « vaincu par la tempête ». Parce que c'est comme cela que Sapiens a
toujours tué ses proies : il les poursuit des heures jusqu'à ce que ces
dernières épuisées ne puissent plus rafraichir leur corps, et tombent épuisées à
bout de souffle. Soufflant comme des tempêtes.
Enkidu comme
Neandertal meurent.
La rencontre avec
Sapiens a été fatale. Ils ne se sont pas éliminés. Au contraire, ils ont pu se
reproduire entre eux. Seulement Neandertal est une espèce solitaire. Il n'a pas
les défenses immunitaires de Sapiens.
Sapiens vit en
troupeau depuis des millénaires les virus ne l'affectent plus trop. Mais dès que
Neandertal attrape ses maladies, tout comme les Indiens d'Amérique, les solitaires se font
décimer par la variole, la grippe, la tuberculose...
Gilgamesh est une
épopée épique. Le héros affronte des monstres, va en enfer, ramène la plante
d'immortalité volée au dieu. Tout cela parce qu'Enkidu est mort.
Enkidu, l'ami de
Gilgamesh, l'être qui parle aux bêtes, l'être le plus puissant meurt de la façon
la moins épique : il tombe malade, et après une longue agonie s'éteint.
Cela ne
s'invente pas, cela n'est pas romanesque : C'est la réalité. Neandertal est mort
tué par les maladies de Sapiens. Partout, tout le temps, jusqu'à sa disparition
totale, et l'histoire a été si traumatisants pour Sapiens qui a vu une espèce
amie et différente s'éteindre sous ses yeux, qu'ils en ont préservé pour nous
l'histoire. Mais nous n'avons jamais plus la ré-écrire, parce que l'expérience de rencontrer une race alien a été oublié.
mercredi 17 février 2016
L'histoire de Dédale raconte l'apocalypse
Dédale, le créateur du labyrinthe, a laissé son nom à l'étrange édifice qui est une maison et un piège à la fois.
Son histoire commence pourtant avant que Thésée n'affronte le Minotaure dans le Dédale, et continue après quand il perd son fils.
L'histoire de Dédale comprend sans doute les personnages les plus célèbres de l'antiquité. D'Homère nous nous souvenons seulement d'Ulysse. Mais Dédale, lui, partage la vedette avec Icare, Minos, le Minotaure, Thésée, Ariane. L'histoire de Dédale est bien plus mémorable parce qu'elle touche à notre mortalité en tant qu'espèce.
Minos, le roi de crête dans la légende est devenu le juge de l'enfer à sa mort.
Minos est le premier employeur de Dédale. C'est à lui qu'il demande la création du labyrinthe. Mais avant cela il a fallu passer un entretien d'embauche.
C'est la première histoire connue de Dédale. Minos cherche un ingénieur. Il propose le poste à qui passera un fil de l'ouverture à la sortie d'un coquillage de mer. Tous échouent.
Dédale attache un fil à la patte d'une fourmi qui traverse le coquillage et lui obtient le poste. On voit déjà que le fil comme outil pour s'échapper d'un parcours compliqué est présent avant même que le labyrinthe soit construit.
Minos n'est pas encore juge des Enfers ; il est juste Roi. Et il aime faire sentir à ses sujets sa puissance. Quand la population admire l'intelligence de Dédale pour l'exploit de la fourmi, le roi prend le fil de chaque côté. Il tire dessus, brisant le coquillage.
C'est la première destruction.
Parce que tout ce que touche Dédale doit être détruit. Le coquillage représente la mer et l'eau. La première destruction touche tout ce qui se trouve dans cet élément. On sait déjà ou se déroule la dernière destruction : dans l'air.
Plusieurs choses sont détruites après que Dédale enferme le Minotaure dans le labyrinthe. La plus évidente c'est le taureau à corps d'homme, tué par Thésée.
C'est la destruction du règne animal.
Puis c'est la destruction des hommes. Thésée rentre chez lui et oublie de mettre des voiles blanches pour annoncer son succès. En croyant son fils mort, le père de Thésée saute de la falaise.
C'est la destruction du règne humain.
Vient la dernière destruction. Sans doute la plus dure pour l'auteur à justifier. Minos enferme Dédale avec son fils dans son propre labyrinthe pour le punir de n'avoir pas pu empêcher la mort du Minotaure.
Dédale fabrique des ailes. Des plumes collées avec de la cire d'abeille, pour que l'on comprenne bien qu'il s'agit de l'air dont la fable parle. Les oiseaux et les abeilles.
Icare monte trop près du soleil, et lui aussi s'écrase.
À cause de Dédale, tout ce qui est dans l'Eau est détruit, ce qui est sur Terre, les hommes et les bêtes sont détruits, ce qui est dans l'Air est détruit.
Dédale ne devrait pas donner son nom à un labyrinthe. Le labyrinthe n'est qu'une construction accessoire dans l'histoire, au mieux, le symbole de la Terre, comme le coquillage représenté l'Eau. Dédale devrait donner son nom à une bombe atomique. La prochaine qui sera assez puissante pour tout détruire.
mercredi 13 janvier 2016
L'épisode 8 de Star Wars s'appelera "The Force Darkens"
Si l'on observe l'épisode 7 et surtout ses liens avec le premier épisode (A new Hope); on peut supposer que le 8éme épisode sera lié au meilleur épisode de la série : Empire Strike Back (ESB).
Comme la série prend la direction d'un retour de la Force dans un monde où elle a disparu, on peut supposer que cette trilogie aura pour titre un qualificatif décrivant cette évolution de la Force.
Le premier épisode de cette trilogie s'appelle The Force Awaken (« réveil de la force » en français). Le film relate le retour de la force et les débuts de Rey en tant qu'agent de ce retour.
L'épisode suivant devra avoir tous les éléments du second épisode original : la défaite des héros, le désespoir, l'enseignement de la Force.
Luke, comme Yoda l'avait fait pour lui dans Strike Back, va enseigner à Rey à utiliser la force.
La planète où ils sont sera couverte de nuage, avec le sommet des montagnes sortant de la masse nuageuse, pour évoquer la cité dans les nuages d’ESB.
Elle soulèvera les vieilles pierres. Puis elle arrachera le sommet de la montagne à la fin de son enseignement dans une scène épique.
Pendant ce temps, Finn infiltrera un vaisseau impérial pour trouver le temple jedi.
Il sera détecté par Kylo Ren, et s'échappera sur la planète que survole le destroyer impérial à ce moment. Cette planète sera couverte de marais, pour évoquer Dagoba (la planète de Yoda dans ESB).
Luke de son côté dira à Rey qu'elle n'est pas prête. Trop impulsive. Il feindra de s'énerver contre elle pour la tester. Il ira jusqu'à l'attaquer au sabre laser par surprise. Comme elle restera calme, Luke lâchera la révélation du film : Rey est la soeur de Kylo Ren.
« Non » criera Rey, avant de frapper Luke de toutes ses forces lui coupant sans doute une main.... Parce qu'il ne peut pas y avoir un reboot d'ESB sans une main coupée à un moment. Et Luke est habitué à ce genre de traitement.
« Non » criera Rey, en s'enfuyant et en prenant conscience que son père Han Solo est mort sans qu'elle l'ait connu.
Finn, sur la planète marécageuse, après de nombreux combats échappera aux Stromtrooper à sa poursuite en se dissimulant dans la carcasse d'un prédateur des marais (comme Luke s'était caché dans la carcasse d'un Taun sur Hoth, la planète attaquée au début d’ESB)
Il trouvera le temple jedi. Et au moment de rentrer chez les rebelles sera capturé par Kylo Ren, sans doute à la suite d'une trahison par Poe Dameron.
La dernière scène montrera Rey arrivant sur la planète ou Finn a été capturé. Elle allumera son sabre laser, et le sabre brulera d'une flamme rouge. Pour signifier que tout est perdu parce que la derniere Jedi vient de sombrer du coté obscur.
The End.
Pour cela que l'épisode s’appellera 'The Force darkens' (la Force s'obscurcit) , comme un parallèle à l'horreur de l'ESB, et pour inquiéter les spectateurs sur le sort de l'univers fictif de Star Wars.
Bien entendu l'épisode 9 s'appellera « Redemption of the Force » (la Force sauvée), et l'on découvrira que Rey a juste feint de sombrer du côté obscur pour sauver son ami.
Elle ne sera pas la fille de Han Solo, mais celle de Leia avec un autre homme, après sa séparation d'avec le pilote. Kylo n'étant que son demi -frère.
Ils se réconcilieront au milieu du film, et tueront le méchant Sith.
Je prends rendez-vous pour dans 500 jours, afin que nous constations à quel point mes prédictions sont fausse. Et je souhaite qu'elles le soient.
mercredi 16 décembre 2015
Les paradoxes de Clio et Rami
Comme tous les ans je vais publier une nouvelle histoire de Clio et Rami.
La série de 4 histoires précédentes, reliées dans « Enquêtes Antiques », finit avec une menace très concrétée sur l'héroïne.
La nouvelle série qui commence avec « Le glitch de Guillaume le Conquérant » explorera plus attentivement les soucis de Clio et de l'agence qui utilise le voyage dans le temps.
Le titre de cette nouvelle série de quatre courts récits sera sans doute « Mélodrames Médiévaux ». Les malheurs y seront sans doute nombreux, et chacune des histoires sera centrée sur un personnage de l'époque médiévale : après la domination romaine et avant la découverte de l'Amérique.
J'envisage de terminer l'histoire complète dans la dernière série qui se nommera sans doute « Complots Contemporains » et qui mettra Clio aux prises avec les plus grands meurtres contemporains. Cela clôturera l'intrigue secondaire du Bureau et des agents qui tentent de s'emparer, ou de détruire, la capacité de voyage dans le temps.
Durant les quatre premiers récits déjà parus, j'ai utilisé quelques paradoxes pour faciliter, ou expliquer le voyage dans le temps qui est au coeur de l'histoire, mais qui reste un outil plutôt qu'un réel élément actif.
Le premier paradoxe est celui que je nomme la « mémoire en avant ». L'idée étant que les atomes qui composent Clio existait déjà dans le passé où elle se rend.
Confrontés à cette présence à la fois sensiblement appartenant à leur époque, et à la fois ayant été transformée au cours du temps pour former la Clio du futur, les habitants du passé ont une perception « nuageuse » de Clio.
C'est l'explication que je donne brièvement dans chaque récit. C'est juste un moyen de justifier en quelques phrases qu'une inconnue comme Clio puisse accéder au palais des rois sur la mort desquels elle enquête. Mais au-delà de l'aspect pratique pour raconter le récit (ne pas perdre de temps en sous-intrigue pour opérer tel ou tel interrogatoire) ; il y a dans l'idée, le concept impossible que les atomes qui composent la Clio du Futur, puisse reformer une Clio identique dans le passé. Ils retrouvent dans le passé, leur forme future. C'est sans doute la même idée avec laquelle je m'amuse à propos de Jean de la Fontaine et sa flèche du temps dans L'agneau et le loup.
Le second paradoxe apparait dans « qui a tué Jules César ? » C'est un hommage direct — la formulation reprend même en partie la formulation de l'original — au paradoxe crée par J.L. Borges dans « Tlon, Uqbar, Orbis tertius ».
Borges bien sûr est génial. Il postule un monde dans lequel les individus ignorent les relations de causalité Uqbar. Dans ce monde, les chercheurs proposent un paradoxe : Paul perd 9 pieces d'or sur le chemin. Pierre en retrouve 4 sur le chemin. Jean en trouve 2 le lendemain, et Paul retrouve les 3 manquantes chez lui. Le paradoxe n'a bien sûr aucun sens dans notre monde ou la causalité existe. Mais pour un monde sans causalité, il est inconcevable que le nombre de pièces trouvées soit le même que celui perdu.
J'ai repris l'idée centrale dans mon récit en l'appelant le « paradoxe botanique » : si on sème une graine dans le passé. Et que cette graine donne une fleur. Le seul moyen pour nous de semer cette graine c'est si la fleur nous a donné cette graine précisément dans le futur. C'est une autre formulation du cercle indépendant dans le temps. L'idée que rien ne peut être changé. Celle qui sous-tend l'intrigue de l'armée des douze singes. Le « paradoxe » étant que ce cercle d'existence n'a aucune raison d'être, ou d'être brisé. C'est une impossibilité tautologique. Clio tente de résoudre le paradoxe, j'ignore si je suis parvenu à rendre sa solution satisfaisante.
Le dernier paradoxe est moins un paradoxe, qu'une présentation de l'étrangeté des animaux. Mais c'est encore une trouvaille de Borges. Je croyais à torts que c'était une observation de mon invention, et c'est en relisant la nouvelle « le Sud » de l'auteur que je me suis aperçu du vol.
Dans « qui a tué Toutankhamon ? » je prétend que Rami, le chat, est offusqué que les humains perçoivent, par défaut, le temps comme une suite séquentielle. Sa façon à lui de percevoir le temps comme simultanée lui permet de découvrir avant Clio comment Toutankhamon est mort. J'étais très fier de cette idée que le chat voyait le temps comme un tout. Et pour cause, l'idée n'est pas de moi. Borges, dans le Sud, parle d'un chat pour qui le temps est continu.
Dans mon récit, confronté à l'observation de deux blessures sur la victime, Clio assume qu'elles sont consécutives. Le chat habitué à prendre les événements simultanément comprend qu'elles sont simultanées.
Voilà, j'espère que les 7 récits à venir auront moins d'emprunts à Borges.
mercredi 18 novembre 2015
Où vont les fusées de Gattaca?
Dans le film Gattaca (1997), les noms ont une signification. Ainsi Eugène, l'homme parfait auquel le héros prend les fragments d'ADN est celui qui a les « gènes ». Vincent, prononcé en anglais « win-cent » est celui qui « gagne sans » (sous entendus sans les gènes).
Ce sont des noms étranges, européens, parce que leur sonorité et l'implication dans l'histoire sont importantes. Pourtant le nom le plus étrange est celui de l'organisme spatial. Pourquoi un organisme spatial prendrait-il un nom composé des éléments de la double hélice d'ADN ? C'est comme si la NASA décidait de prendre un nom basé sur les écoles prestigieuses ou elle recrute ses membres.
De plus, si l'on choisit un nom basé sur les éléments d'ADN pourquoi un nom aussi long pourquoi ne pas prendre simplement les 4 bases GATC. Si l'on veut composer un mot qui sonne mieux pourquoi celui-là, plutôt que GATAC (qui évoque l'attaque), ou AGACT (qui peut se prononcer comme « A gate » ou « la porte », sous-entendue « vers les étoiles »), ou n'importe quelle autre combinaison ?
Gattaca est une agence spatiale. Rien de plus. Son nom pourtant n'évoque aucune conquête. Si on prend en compte que le « A » en anglais se prononce souvent « é ». Alors Gattaca peut se prononcer comme « Get a Key ». Trouve la clé.
Gattaca n'est pas une agence spatiale.
La mission sur Titan est mal préparée, il suffit d'envoyer une simple sonde pour déterminer ce qui se cache sous la couche de nuage que Vincent illustre en soufflant la fumée de sa cigarette sur son verre de vin.
Vincent promet de revenir 1 an plus tard. Pourtant on n'a aucun voyageur qui semble être revenu de son voyage spatial. On pourrait penser que Vincent passionné par l'espace aurait à coeur d'interroger une de ses idoles pour savoir ce qui se passe là-haut.
Gattaca veille avec passion à s'assurer la valeur génétique de ses employés. Si la prise de sang pour entrée peut s'assimiler à un simple contrôle d'identité remplaçant un contrôle de carte comme on en aurait actuellement, le reste des contrôles est superflu.
Pourquoi vérifier l'état génétique des employés dans leurs exercices physiques ? Le responsable de l'agence prétend qu'il s'agit de s'assurer que chacun des membres atteint son potentiel. Mais alors, pourquoi imposer aux hommes qu'elle envoie dans l'espace de fréquent contrôle d'urine. Aucun potentiel ne change d'un contrôle d'urine à l'autre.
Gattaca sélectionne les meilleurs éléments de l'espèce humaine. Elle les envoie avec régularité sur d'autres planètes. Aucun ne semble jamais revenir. Gattaca a une mission eugénique qui s'expose par son nom en plus de ses pratiques. Il y a deux possibilités à la réelle fonction de l'agence. Soit, elle traque les meilleurs humains pour créer une société d'homme « parfait » sur d'autres planètes. Soit, et c'est sans doute sa véritable fonction, elle les envoie à une mort certaine.
Après tout, si vous aviez le moyen de sélectionner tous les êtres supérieurs à vous. Votre première réaction serait sans doute de les envoyer mourir au loin. Pour cela que le plan ou Eugene se suicide correspond au plan ou Vincent part dans la fusée. Les flammes du réacteur de la fusée reflètent les flammes de la chambre de crémation.
Vincent part pour mourir comme meurent tous ceux qui embarquent dans les fusées qui partent régulièrement. Pour cela que personne à bord de ces fusées n'est équipé de scaphandre.
mercredi 14 octobre 2015
Le film "Ex Machina" est un conte merveilleux
Le film « ex machina » prétend être la ré-écriture du vieux mythe français de Barbe bleu. Il ne laisse aucune ambiguïté à ce sujet. L'inventeur est caractéristique avec une barbe fournie, jamais encore vu au cinéma. Le nom de la société qui l'a rendu riche est « bluebook ». C'est bien entendu un clin d'oeil à facebook. C'est aussi bleu parce que les compagnies technologiques utilisent le même bleu dans leur logo (twitter, microsoft, facebook, et c'est même la seule couleur répétée chez le multicolore google). Mais c'est surtout bleu parce que le film raconte l'histoire de barbe bleue :
Un riche homme demande à son épouse de ne pas ouvrir une pièce du château. Quand elle ouvre cette pièce, elle découvre les cadavres des femmes précédentes de l'homme. Comme Caleb découvre les premières versions du robot.
L'histoire est fantastique. Dans le sens qu'elle ne prétend pas à la véracité du propos, mais à enseigner une morale, faire passer un message. Tout comme le conte de barbe bleue veut communiquer que la curiosité est un vilain défaut. Dès le début le film postule le fantastique de son propos par la première ligne parlée :
L'empire de Nathan s'étend déjà sur 2 heures de vol. C'est impossible. Un hélicoptère vole facilement à 200km/h. En deux heures cela fait 400 km. Si l'on considère que l'hélicoptère atteint le centre de la propriété par la route la plus courte, on doit admettre que la propriété s'étend encore sur au moins 400 km des autres côtés. Cela fait un terrain de plus de 800 km par 800. Plus grand que la France, sous une latitude tempérée propre à l'agriculture avec des réserves d'eau. Un particulier, aussi riche soit-il, ne peut posséder un terrain de la surface d'un pays. Tout cela n'est pas réel, dit le film. Ceci est un conte improbable qui reprend les éléments du conte de Barbe Bleue. Mais l'enseignement, ici, est différent.
Parce que justement, Nathan représente trop parfaitement Barbe Bleue. Il faut admettre qu'il s'agit d'une diversion. Comme il nous rappelle qu'il en fit une en déchirant le dessin. Diversion pour cacher une caméra. Diversion, pour dissimuler le vrai Barbe Bleue du film : la muette Kyoko.
D'abord bien évidemment parce que c'est elle la meurtrière. Comme Barbe Bleue dans le conte.
C'est pour cela qu'on la voit danser en parfaite synchronisation avec Nathan, pour montrer visuellement l'identité des deux personnages. C'est pour cela que Nathan frappe Kyoko à la mâchoire, et lui ôte la moitié basse du visage : pour lui enlever la Barbe Bleue invisible, pour éliminer le monstre en elle.
Et après tout, c'est Kyoko aussi qui a tué les femmes précédentes en héritant de leur mémoire.
Mais si Kyoko est Barbe Bleue, tuée par Nathan l'autre Barbe Bleue officiel en lui ôtant sa Barbe Bleue/mâchoire avant de mourir à son tour, la morale du conte devient limpide, simple et optimiste : Le danger n'est pas les robots, les IA, les moteurs de recherche intrusifs, et les opérateurs de téléphone qui capturent nos images à notre insu. Le danger c'est notre part d'ombre, notre monstre intérieur, notre Barbe Bleue qui causera fatalement notre perte parce que nous avons préféré garder cette part de nous à nos côtés, par plaisir, par facilité. C'est notre côté obscur le réel danger.
mercredi 16 septembre 2015
Les téléphones portables n'ont jamais eu de succès
Il convient d'abord d'écarter certains mythes liés aux téléphones portables. Mais en écartant ces mythes nous nous rappellerons que c'est nous, nous-mêmes qui les avons développés pour nous même. C'est une illusion que nous maintenons contre toutes les évidences. Nous voulons croire que nous utilisons un téléphone. Ce n'a jamais été le cas.
- Mythe 1 : Les téléphones portables servent à parler
- Mythe 2 : Les téléphones permettent d'être joignable
Ces deux mythes sont révélés comme tels, par l'usage réel des téléphones. Les portables ont commencé à devenir omniprésents début 2000 quand les textos ont fait leurs apparitions. À partir de là, ce « téléphone » est devenu notre outil préféré. Parce qu'il permet, non pas ,de téléphoner (c'est tout au plus une fonction accessoire agréable, comme la photo, ou le lecteur de musique), mais surtout de communiquer par texte.
Parce que l'outil que nous voulons avec nous à tout instant est un simple ordinateur. Sa fonction n'a jamais été de communiquer. Sa fonction est de nous distraire. Sa fonction est au contraire de couper, d'empêcher, d'interdire même, toute communication avec notre entourage.
Parce que nous sommes assaillis de stimulus sociaux, parce qu'il y a du monde partout dans les rues, les métros, aux cafés, sur les bancs. Trop de personne, dont nous souhaitons à tout prix nous soustraire : on sort son ordinateur de poche. Tranquille.
Il y a une raison pour laquelle les autres formes d'ordinateur de poches ne marcheront jamais (je le dis ici pour dans 50 ans). Les lunettes de google, les montres d'apple, les colliers, bagues, ou même les vêtements avec connexions WiFi qu'un futur inventeur se hâtera de créer en espérant répliquer le succès de l'ordinateur de poche qui a pris le nom de « téléphone » ; tous ces accessoires ne marcheront jamais. Il a fallu la connexion d'un ordinateur avec l'illusion de prétendre qu'il s'agit d'un téléphone pour que nous utilisions des ordinateurs de poches.
Parce que :
- Mythe3 : Nous souhaitons être connectés
C'est pour cela que le seul gadget qui nous permet d'utiliser un ordinateur de poche au quotidien ne peut être qu'un objet mythique qui prétend enrichir nos relations. On l'a appelé « téléphone » parce qu'on ne parle à personne avec . Nous l'utilisons pour tous les moyens par lesquels il nous distance des autres. Pour rester loin. Et nous refusons d'admettre cette réalité, parce qu'elle revient à admettre que nous sommes des goujats.
mercredi 19 août 2015
Les Minions n'ont jamais trouvé Gru.
Il y a dans le film qui met en scène les Minions beaucoup d'incohérences. Pour commencer, on a appris dans le premier : "Moi, môche et méchant" (Despicable Me), que Gru a fabriqué les minions à partir de grain de maïs et avec l'aide du professeur. Ce n'est pas une espèce spontanée, née pour servir, ils ont été construits ainsi par Gru.
Le film adresse directement cette incohérence avec le premier film. Il le fait de façon explicite, en multipliant les indices : Kevin est en train de rêver. Et c'est une fille.
Le film commence quand Kevin décide de pourchasser quelque chose, une idée, rien de plus. Trouver un maitre, dit la voix off. Nous comprenons qu'il ne s'agit que d'un rêve. Kevin est pressé de partir, Kevin pourchasse un lapin blanc.
Kevin est une fille, parce que tout le film est, scène pour scène, une relecture d'Alice au pays des merveilles.
Le premier indice du rêve et ce classique que chacun a déjà éprouvé en dormant : la terreur irrationnelle de parler en public. Kevin lit ses fiches, mais personne ne réagit. Sans que l'on sache pourquoi elle lâche ses fiches. Soudain, son discours galvanise. Parce que c'est un rêve — Pas un cauchemar —, la terreur se résout d'elle-même.
La preuve formelle qu'il s'agit d'une évocation du fameux livre de Lewis Caroll se situe vers la fin du livre. Comment Kevin survit-il sans dommage à une explosion provoquée par un missile ? Tous les Minions le croient mort, parce que l'explosion doit tuer tous ceux dans sa vicinité.
Kevin était géant, l'explosion l'a rendu petit de nouveau. Tout comme Alice a bu la bouteille pour rapetisser.
Le film n'explique pas la présence de cette machine à devenir géant. On n'a vu d'autre gadget, mais aucune mention d'un gadget aussi improbable. Il aurait pourtant été pratique pour voler la couronne. Cette machine miraculeuse qui apparait sans raison, Kevin l'active par erreur après plusieurs mouvements gauches. Ce n'est pas Kevin qui est gauche pourtant ! Depuis le début, c'est Bob à qui les accidents arrivent. Kevin finit d'activer la machine en soufflant dans un trou. Drôle de mécanisme d'activation, qui n'est là que pour rappeler à quoi cela sert de grandir et de rapetisser: passer par un trou. Comme pour Alice qui doit changer de taille pour poursuivre le lapin blanc.
Mais tout le film, rappelle régulièrement l'original. La scène sans justification, ni raison, des Minions jouant au polo sur des chiens, sert à signaler Alice jouant au cricket avec des flamants roses.
Le personnage sans raison de l'aveugle gardant la couronne royale ne sert qu'à évoquer la taupe avec qui Alice boit le thé.
La reine ! Tout le film concerne la reine, la vraie, et la méchante. La voleuse ne désire pas juste voler la couronne pour sa valeur, elle la désire pour devenir reine. Cela n'a aucun sens, la propriété de la couronne ne donne pas le titre. Mais c'est parce que la voleuse est l'ennemie de Kevin. Elle doit être reine parce qu'Alice a la reine de coeur comme ennemie.
Les Minions ne sont pas incompétents. Les Minions ne tuent pas leur maitre. Dans « Despicable Me », ils forment une chaine humaine en quelques secondes pour sauver Gru d'une chute mortelle. Les Minions sont efficaces.
Le film ne parle pas des Minions. Le film est un rêve. Le rêve de Kevin qui s'est endormi quand Gru a raconté l'histoire aux filles pour les endormir juste après les avoir recueillies chez lui ?
mercredi 15 juillet 2015
Les defenseurs de PirateBay.org au seizième siècle
Il y a quelques jours, le 10 juillet, se tenait, comme chaque année en Turquie, la fête de Nasreddine. Les aventures de ce farceur sont publiées courant du seizième siècle. Mais la tradition orale raconte ces exploits depuis au moins le treizième et certaines de ses anecdotes sont déjà présentes un millier d'années plus tôt dans les fables d'Ésope.
Nasreddine est un coquin. Il fut mollah, juge religieux. Il fut battu. Il vola, et prononça des jugements subtils.
À plusieurs centaines de kilomètres de la Turquie, à Brunswick, près d'Hanovre, on raconte les aventures d'un individu semblable. Till Eulenspiegel (littéralement Till Hibou-Miroir) est un farceur. Toujours pauvre, toujours préparant un mauvais coup, volant, se faisant voler, trompant, arnaquant. Ses aventures sont publiées en 1515 à Strasbourg. Mais la tradition orale est antérieure.
Rabelais publie le Pantagruel au début de 1500. Dans un chapitre Panurge (célèbre pour ses moutons) ignore s'il doit se marier ou ne pas le faire. Pantagruel alors lui conseille de consulter Seigny Joan. Seigny Joan, dit-il, est un fou qui vit à Paris. Rien de mieux qu'un fou pour donner de bons conseils. Pour prouver la justesse du jugement de Seigny Joan, Pantagruel raconte une de ses aventures.
Cette aventure est semblable à un vécu par Till Eulenspiegel de l'autre côté du Rhin. C'est aussi la même qu'une de celle de Nasreddine des milliers de kilomètres plus loin :
Nasreddine, où un pauvre (selon le récit) fait mine de se régaler du fumet d'un rôtisseur qui cuit sa viande sur le marché. Excédé de la satisfaction qui se lit sur le visage de Nasreddine, le rôtisseur demande à ce qu'il lui paye le fumet de sa nourriture. Nasreddine, réfléchit un instant. Il sort sa bourse. Puis, il la secoue sous le nez du Rotisseur. Puis il s'en va. Le rôtisseur le retient par la manche réclamant le payement. « Avez-vous bien entendu mes pièces tinter dans ma bourse ?
— Oui.
— Alors vous avez été payé », dit Nasreddine. « Je me suis régalé du fumet d'un poulet, je vous ais payé du son de mon argent."
Voilà l'histoire qui confirme que Seigny Joan a un jugement exemplaire. Ou Till, ou Nasreddine. Cette histoire prétend mettre en avant l'apprêté au gain des commerçants. Elle prétend mettre en valeur les ressources d'ingéniosité que donnent la faim et la misère.
Pourtant ces trois histoires nous sont parvenues par des Nantis. Rabelais, comme les auteurs-compilateurs des histoires de Till Eulenspiegel et de Nasreddine sont des nobles. Ou de riches bourgeois. Ils n'ont jamais connu la faim. Pourtant ils partagent à travers le temps et l'espace un désir de raconter cette anecdote-là.
On peut imaginer qu'un récit semblable existe en Chine, en Amérique du Sud même peut-être. Ce récit n'a pas transgressé les frontières et les époques pour son message égalitaire ou social.
Entre les trois compères, Seigny, Till et Nasreddine, il n'y a pas que le récit du rôtisseur en commun. Il y a aussi leur rôle : chacun d'eux n'a pas de fonction propre, ils sont un coup juge, un coup voleur, un coup saltimbanque, vendeur d'eau, pétrisseur de farine, toujours prêt à tout, toujours sans le sou, toujours prêt à mentir et raconter une histoire.
Ces trois personnages sont des artistes.
Artistes, tout comme ceux qui ont publié leurs aventures.
Rabelais, écrivain génial, a aimé cette histoire. Parce qu'elle parle du statut d'artiste. Elle explique que ce qui s'adresse aux sens (la fumée de la viande) n'a pas de possesseur.
Il est impossible de vendre ce qui s'adresse à un sens. On imagine sans peine la leçon que Rabelais nous tient. Par extension, on ne peut pas payer quelqu'un pour avoir regardé un tableau, ou écouté une symphonie. Voilà le coeur du message de l'anecdote. Voila pourquoi des artistes, nobles et riches, l'ont publié dés l'invention de l'imprimerie.
Une oeuvre d'art ne mérite pas d'autre payement que le bruit de l'or, ou la vue d'une pièce. Parce qu'une oeuvre d'art parle aux sens, elle n'est pas possédée, personne ne vole un tableau en le regardant.
Cinq siècles plus tard, cette maxime de Pantagruel a donné naissance au site Piratebay.org, qui distribue les oeuvres d'art au mépris des règles de copyright. Parce que Seigny Joan, Nasreddine, et Till Eulenspiegel, trois fous, trois artistes, trois juges, en trois endroits différents ont combattu l'injustice.
mercredi 24 juin 2015
Tlon, Uqbar, Orbis Tertius est un projet volontaire de Borges
Il est étonnant que Jorges Luis Borges ait intitulé « Fictions » le recueil qui contient la célèbre nouvelle « Tlon, Uqbar, Orbis Tertius ». La seconde surprise est le titre ésotérique de cette nouvelle. Nous allons voir que ces deux dénominations sont cohérentes et liées.
Pourquoi appeler un recueil « Fictions » ? Ce serait comme intituler un roman « Roman ». Certains présomptueux sans talent l'ont sans doute déjà fait. Mais « Fictions » n'a pas la même portée prétentieuse que « Roman ». Cela nuit à l'ouvrage, puisque le rôle de la fiction, c'est justement de donner l'illusion de la vérité. C'est pour cela que tant de fiction se présente comme des témoignages. Prévenir que ce que le lecteur va lire est une « fiction » défait même le propos du contenu du livre. Surtout que ce livre contient de nombreux récits d'autofiction (avant que le terme ne soit inventé), mettant en scène Borges, et prétendant à la vérité.
Borges a-t-il eu l'intention de ne pas nous tromper ? A-t-il écrit « Tlon, Uqbar, Orbis Tertius », qui raconte l'histoire de la découverte par Borges (l'auteur donc) d'une encyclopédie, qui n'existe qu'à un seul exemplaire, pour nous tromper : en se mettant en scène ? Puis, prit en quelque sorte de remords, a-t-il intitulé le recueil « fiction » pour ne pas nous tromper, et nous rappeler que tout est faux dans ce recueil ?
Non. La nouvelle, et toutes les autres ne sont pas croyables. Personne même en l'absence du titre « fiction » n'irait les prendre pour des témoignages. Un livre y génère des objets qui n'existent pas sur notre planète, un perçoit l'influence d'un homme inconnu, mais parfait à travers la mesquinerie des gens qu'il rencontre, un homme décide de réécrire Don Quichotte, mot pour mot, comme une oeuvre d'art. C'est très fantastique, cela n'appelle pas le doute.
Borges nomme son recueil fiction parce qu'il veut que nous croyions qu'il s'agit d'un faux, parce qu'il y a en réalité beaucoup de vrais dans le récit.
Le propos de Tlon, uqbar, Orbis Tertius est simple : Un mégalomane américain commissionne, savant, artistes, géographes, etc., pour créer l'encyclopédie en 20 volumes du pays illusoire et inventé d'Uqbar. Parmi les informations relatives à la vie sur ce pays, l'encyclopédie précise que Tlon est un monde imaginaire pour les habitants d'Uqbar. Mais que ce monde intervient dans le leur, en y générant des objets parfaits nés de l'espoir des Uqbariens. À la fin de la nouvelle, l'encyclopédie est terminée. Notre monde découvre, et s'amourache, de la vie ordonnée et précise d'Uqbar. Alors Tlon s'insinue aussi dans notre monde, et nous devenons Uqbar.
Borges relate la première influence d'Uqbar sur le monde. Il dit qu'une comtesse trouva lors d'un déménagement une petite boussole portant l'alphabet unique de Tlon pour indiquer un nord différent. Cette trouvaille est précise. La seconde fut faite en présence de Borges. Dans un bar, un alcoolique est retrouvé mort au matin par Borges. Dans ses poches il trouve un petit cône d'une matière bien plus lourde que tout ce qui existe sur terre.
On constate pour ces deux premières apparitions du monde fictif d'Uqbar dans la réalité, Borges est vraisemblablement présent au deux. La boussole de la comtesse est trop anecdotique, pour qu'il n'en soit pas un témoin direct. Quand deux évènements exceptionnels sont observés par une seule personne il est plus juste statistiquement de supposer que ce témoin a en fait joué un rôle pour provoquer ces deux évènements.
Dans le cas de Borges, il a sans doute placé la boussole chez une comtesse de ses amies, puis le cône lourd dans les poches de l'alcoolique. Du moins c'est la conclusion que le lecteur de la nouvelle est amené à se faire. Il est plus simple de penser que Borges a placé ses deux objets que de croire que deux objets créés par idéalisme à partir d'une encyclopédie apparaissent sans raison sur terre, à chaque fois à proximité de Borges.
S'il a placé ces artéfacts, C'est que Borges aussi participe au projet de l'américain. La nouvelle, elle-même n'est qu'une tentative supplémentaire d'invoquer Tlon et ses artéfacts parfaits dans notre monde.
Le titre étrange en est la preuve. « Orbis Tertius » n'apparait qu'une fois en passant dans la nouvelle. Mettre ce terme dans le titre ne sert qu'un seul propos : finir l'acrostiche du titre : T,U,O,T.. Qui a l'envers signifie « TOUT » parce que la nouvelle entend bien « Tout » créer à partir de rien, presque rien: L'histoire d'un monde qui n'existe pas.
mercredi 20 mai 2015
Mad Max, la route furieuse, se termine mal
Aucun détail du dernier
Mad Max (fury road) n'est l'effet du hasard. La chaine, qui retient Mad Max au
Garçon de guerre, sert d'arme dans le combat avec Furiosa puis accroche l'arbre
qui sert à désembourber le camion. L'arbre et les animaux étranges qui
l'entourent servent de signe sur ce qu'il est advenu de « l'endroit vert ». Le
décompte des munitions et des quatre balles du gros flingue est essentiel quand
il s'agit de tirer sur « Gros Pied ». Les femmes du Harem ont chacune une
fonction nécessaire à l'histoire, l'une trahit, l'une sert de motivation à la
colère d'Immortan Joe, l'une retourne un ennemi, la dernière prie.
Chaque détail compte le
plus important est sans doute ce que fait Max. Max, hormis les combats et sa
fonction de « globular », ne fait que deux choses : il conduit et... il dessine
une carte;
Car ce qui est
important dans Mad Max est de savoir où se déroule le film. Parce que ce n'est
que si l'on sait où le film se déroule que l'on peut comprendre tout ce qui se
passe à la fin, et surtout ce qu'il s'est passé avant.
Parce qu'Immortan Joe
(L'immortel Joe en français) est présenté comme un être sensible. Il ne vend pas
l'eau aux mendiants, il la donne, en abondance par pure bonté d'âme. Il prévient
qu'il ne faut pas devenir dépendant. Plus tard, il manque mourir pour éviter de
blesser une des femmes.
C'est important.
C'est important.
Revenons au lieu de la
forteresse. Furiosa, dans sa toute première phrase déclare qu'elle met « cap à
l'Est ». Parce que le lieu est important, c'est aussi pour cela que la seule
activité de Max est de dessiner une carte.
Furiosa part à l'Est. Après plusieurs heures (1 journée), elle se retrouve devant le désert de sel.
Furiosa part à l'Est. Après plusieurs heures (1 journée), elle se retrouve devant le désert de sel.
Dans ce monde
apocalyptique où l'eau a disparu, un désert de sel ne peut être qu'une seule
chose : un ancien océan désormais asséché.
Nous savons donc que la
citadelle se trouve à l'ouest d'un ancien océan. Puis Max (qui s'y connait en
cartes) déclare que si Furiosa voyage 160 jours à travers le désert de sel elle
ne trouvera rien. 160 jours en moto c'est un long trajet. Même si l'on considère
que les voyageuses roulent prudemment, économisent l'essence, et s'arrêtent
régulièrement, elles font au moins 100 km par jour. Donc Max estime que le
désert de sel continue sur au moins 16 000km.
Nous ne sommes donc pas
aux États-Unis comme on aurait pu le croire.
Le seul Océan où l'on
peut couvrir cette distance sans voir une terre (sans sortir du désert de sel)
est le Pacifique. Si l'on part de l'Afrique.
Le reste du film prend
alors sens: La citadelle se trouve à portée de vue d'une raffinerie. Le pétrole
abonde ici. Le dictateur possède un harem, il vêt ses femmes de voiles. Nous
sommes au Moyen-Orient. La citadelle se trouve sur une montagne : Alamut.
Alamut, l'autre
citadelle où régnait le « vieux de la montagne » (Immortan possède aussi un nom
qui évoque son âge).
Alamut, repaire de la secte des « Hashishin » qui se jetaient du haut de ses murailles sur un simple ordre pour rejoindre le paradis (« Sois témoin »). Les Assassins sont drogués aux Haschich, comme les « garçons de guerre » à la bombe aérosol, avant de se suicider.
Alamut, repaire de la secte des « Hashishin » qui se jetaient du haut de ses murailles sur un simple ordre pour rejoindre le paradis (« Sois témoin »). Les Assassins sont drogués aux Haschich, comme les « garçons de guerre » à la bombe aérosol, avant de se suicider.
Immortan Joe, le vieux
de la Montagne, est un héros. Il fait le bien, fait vivre une communauté. Alain
dans « de la guerre » décrit la scène ou les croisés sont témoins du pouvoir du
vieux de la montagne qui envoie ses hommes à la mort sur un ordre. Il déclare
que le vrai pouvoir consiste à placer un homme entre l'obéissance absolue et la
mort immédiate. Ce philosophe nous livre une information inutile à propos du
pouvoir détenu par vieux de la montagne. Ce qui compte c'est que le pouvoir
absolu détenu par le maître de la citadelle va (selon cet autre philosophe) le
corrompre absolument.
C'est pour cela que
Furiosa (un bon nom de méchant) est acclamé à son arrivée. Parce que comme
Immortan Joe, elle est charismatique et pétrie de bonne intention. Comme lui
elle finira un dictateur blessé avec ses propres excès. C'est pour cela que Max
s'en va. Alamut, il connait, il en a tracé la carte, il sait que rien ne résiste
à sa corruption.
samedi 18 avril 2015
Dans The Myst, chaque prédiction se réalise
Dans le film de Frank Darabont de 2007, inspiré de la nouvelle du même titre de Stephen King (« Brume » en français), tout se réalise selon un plan.
La fin du film (que King préféra à sa propre fin) est annoncée dès le début. Parce que toute l'histoire est à la gloire de Mme Carmody.
Quand tout le monde prend conscience que sortir du supermarché revient à s'exposer à une mort certaine aux griffes de créature innommable, Mme Carmody commence son prêche.
Mme Carmody prie le seigneur parce que la situation est désespérée. Carmody reproche aux habitants leurs péchés. Elle prétend qu'ils ont attiré sur eux les monstruosités parce qu'ils ont rejeté le divin.
Mme Carmody, du début du film, jusqu'après sa mort, aura toujours raison contre le héros et ses amis.
Après la disparition de la première victime, elle annonce que quelqu'un mourra durant la nuit. Les autres la moque, on rappelle qu'elle est connue dans le village pour son excentricité. On sous-entend même qu'elle est un peu limitée. Elle ne se trompe pas. Durant la nuit quelqu'un meurt, et l'espèce de scorpion vivant l'épargne elle.
Quand David propose de sortir du supermarché pour chercher des médicaments, elle prévient que cela va mal finir et que l'expédition va attirer des créatures. L'expédition se passe mal. Des créatures sont attirées. Elle propose de sacrifier un militaire dont on vient d'apprendre qu'ils sont responsables de l'arrivée des monstres. Quand le militaire est donné en pâture à une espèce de crabe géant, le calme revient dans le supermarché.
Elle annonce que la nuit sera calme et que le lendemain il faudra de nouveau aviser un prochain sacrifice. La nuit est calme.
Mais la vraie prédiction de Mme Carmody se déroule dans les dix premières minutes dans le supermarché. Elle annonce qu'ils sont tous désormais en enfer après que le supermarché soit victime d'une espèce de long tremblement de terre. Elle annonce qu'il faudra faire comme Abraham, et être prêt à sacrifier son propre fils pour apaiser Dieu.
À la fin c'est ce qui se passe. Le héros David s'est échappé dans une voiture avec son fils et ses alliés. Mme Carmody a été tuée. Elle s'effondre les bras en croix une balle dans la tête. Sa position en croix, mises en avant par un long plan fixe qui la montre en entier, le sang à son front et à son coeur ne laisse aucun doute sur l'évocation que le personnage représente : le christ crucifié.
David s'est échappé, il a fait quelque kilomètre. La voiture n'a plus d'essence, les monstres se rapprochent. Il utilise les dernières balles du revolver pour tuer son fils et ses amis avant que les monstres ne leur fassent subir un sort pire.
Une fois que le père a sacrifié son fils, l'armée apparait et sauve la ville. C'est du moins ce qu'il semble. C'est la seconde prédiction de Carmody. En sacrifiant son fils, on apaisera Dieu. Mais ce n'est pas tout. Elle a aussi prévenu qu'ils étaient désormais tous en enfer.
C'est là où ils sont. La brume n'est pas un portail vers un autre monde démoniaque qui a attiré des bestioles de l'enfer. La Brume a transporté le supermarché et la région en enfer.
C'est pour cela que l'armée ne surgit pas de l'extérieur, mais de la base située au-dessus de la ville ; C'est pour cela que Mme Carmody a prévenu qu'ils étaient en Enfer. C'est pour cela qu'il y a eut l'étrange tremblement de terre au début. Ce n'était pas un tremblement. C'était le déplacement de la région à travers la brume vers l'enfer.
Toute la ville, l'armée, les habitants survivants, n'ont aucun espoir: ils sont tous sur un monde hostile et démoniaque.
mercredi 18 mars 2015
Le syndrome de Bob l'éponge
Nous avons vu la dernière fois que Bob l'éponge n'est pas un enfant dans le film sorti en 2004.
Il a la cinquantaine. Pourquoi donc chacun insiste pour l'appeler « un enfant » ? De Mr Krabs, à Planckton, en passant par princesse Mindy, le roi Neptune, et le méchant Dennis.
Il y a un parallèle significatif avec un autre personnage qui tient à rester un enfant.
Quand Peter Pan ne peut pas revenir à Neverland s'il devient adulte; Bob ne peux pas aller à Shell City s'il reste enfant.
Quand Peter fait tout pour rester un enfant, Bob tente de passer pour un adulte à tout prix. Quand la fée Clochette donne de la poudre « magique » pour voler (alors qu'il suffit de le vouloir), la sirène Mindy donne de fausses moustaches pour rendre adulte (alors que Bob et Patrick le sont déjà).
C'est dans ces différences que réside la subversion du dessin animé de Bob l'éponge.
En 1983 , Dan Kiley rencontre le succès en publiant une prétendue analyse appelée « le syndrome de Peter Pan ». Il prétend que certains adultes refusent de grandir. Ils sont atteints d'un syndrome identique à ce qu'exprime Peter Pan : Refut des responsabilités, refus de l'engagement, activités puériles.
Le livre a un succès malgré son manque de rigueur scientifique. Tout l'argument fonctionne à l'aide d'un argument d'autorité, et d'un effet Barnum : nous reconnaissons facilement chez nous certains traits généraux, si on nous les présente comme personnel par quelqu'un dont nous croyons la compétence.
Il n'y a pas de syndrome de Peter Pan. Ou plutôt, chacun regrette plus ou moins son enfance et a plus ou moins de mal à s'engager, et à prendre des décisions importantes et graves.
Bob l'éponge révèle le vrai moteur derrière ce prétendu syndrome.
Ce n'est pas que les adultes se comportent comme des enfants à l'instar de Peter Pan. C'est plutôt que la société a intérêt à infantiliser ses membres.
Pour ne pas accorder de promotion à Bob, son supérieur le qualifie d'« immature ». C'est une solution simple pour lui refuser pouvoir et argent. C'est une solution que la société moderne utilise à chaque instant. Le principe même de promotion à l'ancienneté repose sur ce postulat. Prétendre l'immaturité (la jeunesse) est le moyen pour ceux au pouvoir d'empêcher aux autres d'y accéder.
Pourtant quand Bob propose d'aller à Shell City, la ville dangereuse dont personne n'est revenu, Neptune qui se moquait de son état d'enfant, n'a plus aucune objection.
L'immaturité qui empêche de gérer un restaurant n'est pas un obstacle pour se faire tuer. C'est ce que dénonce le film de Bob l'éponge :
La jeunesse est un défaut si l'on veut réussir dans la société. C'est un atout, si l'on doit mourir pour son pays.
Bob l'éponge n'est pas un enfant. Il est pourtant le sacrifice désigné pour rechercher la couronne du roi. Il y a d'autres enfants à qui l'on nie toutes espèces d'avantages et de droits dans nos sociétés. On leur laisse pourtant le droit de mourir pour nos intérêts financiers. Comble du sarcasme, on les appelle « les enfants de la patrie »
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