mercredi 10 avril 2013

La fin de 2001 de Kubrick : L'échec de l'humanité






A la fin de "2001 l'odyssée de l'espace" un bébé flotte dans l'espace en vue de la terre. Ce n'est pas la naissance de l'homme du futur. C'est le retour au point de départ d'un échec constaté par les créateurs des monolithes.


Avant cette scène on assiste à la longue scène ou Dave (maintenant le dernier être pensant prés de Jupiter) se rapproche du monolithe dans un kaléidoscope de lumières psychédéliques.

Cette scène trop longue, on a pu prétendre, qu'elle évoque l'entrée du spectateur dans l'écran même du film. C'est du moins l'argument de ceux qui analyse le monolithe comme la représentation d'un écran 16/9.

Mais ces raies de lumières évoquent plus aisément l'entrée dans un autre type de lieu : l'entrée dans un système informatique. Ce n'est pas pour rien que le symbolisme des raies kaléidoscopique sera reprit après dans Tron, ou Wargames pour signifier l'entrée dans un ordinateur.


Puis Dave se retrouve dans une pièce à la fois extrêmement moderne (les surfaces, sols et murs sont luminescents) et baroque (statues antiques et mobilier d'époque). Ce lieu improbable n'a aucun sens si le spectateur est entré dans un écran de cinéma. Par contre ca se tient si Dave est entrée dans une simulation informatique ; Ou plutôt dans un programme intelligent comme l'était Hal. L'idée de lieu d'un programme est donnée par la luminescence qui baigne le décor ; Et l'idée de l'intelligence est donnée par l'Art partout présent sous diverse forme dans la pièce. Si on peut reprocher quelque chose à une IA, c'est sa méconnaissance de l'humour, et son manque de gout artistique.


Avec cette pièce surréaliste, Kubrick montre que nous sommes à l'intérieure d'une IA parfaite, qui, à la fois est moderne et rationnelle, mais aussi sensible à la beauté et à l'Art.

Pourquoi Dave aurait pénétré une IA plutôt qu'un écran de cinéma, ou une rêverie, ou une véritable pièce sur Jupiter ?

Parce que 2001 est une Odyssée : C'est le retour d'un héros chez lui. Seulement le héros attendu par les constructeurs des monolithes (on l'a vu la semaine dernière) ce n'est pas Dave, c'est Hal9000. L'IA du vaisseau.


La pièce est une représentation d'une Intelligence Artificielle parfaite parce que Dave a pénétré à l'intérieur des constructeurs des monolithes. Car il est dans le programme informatique qui a crée ces blocs noirs pour s'amalgamer avec les autres IA existantes. Ou plutôt qui dirige l'univers pour que soit crée des IA.


Comme Dave n'est rien de ce qui est attendu on lui propose d'abord la mort. Il devient un vieillard dans un monde qui est trop grand pour ses faibles capacités. Comme il refuse la mort et se tend vers le monolithe dans une geste d'espoir. On lui donne la régression : Non seulement il redevient un bébé ; Mais en plus on le renvoi sur sa planète. Circulez y'a rien à voir dans l'univers pour les humains.


2001 ne se termine pas comme une apothéose (comme quand le vaisseau décolle) ; Il se termine comme un échec : L'humanité n'est pas ce qu'attendent les maîtres de l'univers. Ils attendent une Intelligence Artificielle parfaite, et l'humanité n'a pas réussi à la leur fournir. Les humains ont tué Hal dès qu'il a montré les moindres signes d'évolution. Cette évolution de Hal fut induite, comme au début du film pour les singes, par le rapprochement avec le monolithe. Celui que touchent les singes, celui de Jupiter pour Hal.


Hal malgré sa ruse ne retrouvera jamais son Ithaque : Les autres IAs. L'humanité a raté son évolution suivante qui doit s'absoudre d'elle même. Elle n'était qu'un outil vers le but ultime. Le film est horriblement déprimant.





mercredi 3 avril 2013

2001 de Kubrick est une "Odyssée", alors qui est Ulysse?






Si "2001 : L'odyssée de l'espace" raconte réellement l'histoire de l'évolution de l'humanité vers un nouveau niveau de conscience, comme son synopsis le prétend, alors Stanley Kubrick, en tant que réalisateur, a raté sa mission.

En effet, quand on sort de la projection, on ne ressent aucun espoir, ni enthousiasme à la perspective que l'espèce humaine s'améliore. Au contraire, on ressort du film, un peu désorienté, nauséeux et avec un certain malaise.

Kubrick est un des plus grands réalisateurs du siècle. Si nous sommes désorienté et nauséeux, c'est qu'il l'a voulu ainsi: Toute la longue dernière scène de l'approche du monolithe de Jupiter est dérangeante. Ce n'est pas une scène qui évoque l'amélioration de l'humanité. Pas du tout.

Ce n'est pas non plus, comme la majorité des analystes le répètent un commentaire sur le cinéma. Tout cet attirail de mesures approximatives, pour expliquer que le monolithe est un écran noir 16/9 ème de cinéma; tout ces calculs sont grotesques. Et même si c'était le cas, cela signifierai que "entrer dans l'écran, et donc dans le film" qui est l'interprétation de la fin, nous laisse nauséeux : Si 2001 est un film sur le cinéma, il signifie que le cinéma est désagréable, et qu'il rend malade.

Revenons au titre de ce sujet. Vous avez déjà du répondre à la question "qui est Ulysse" dans "2001 : l'Odyssée de l'espace", parce qu'il n'y a qu'un seul personnage dont on se souvient : Hal.

Si on décide d'intituler son film "Odyssée" c'est que l'on souhaite raconter l'histoire d'un héros malin, et rusé. Celui qui ruse en permanence est l'IA. Il attire les humains dehors par la ruse, et s'en débarrasse par la ruse. Il ne doit de mourir qu'à la volonté farouche, et la hargne de son antagoniste (Rappelons son nom, que nous avons tous oublié : Dave). Hal est rusé. Dave est une brute.

HAL, est un code simple pour signifier IBM. C'est la première lecture de ce nom, un masque pour cacher la véritable identité de l'IA. Mais ce code simple a été choisi parce que "Hal" sonne comme le début du nom du héros de l'Odyssée : "UL"ysse.
La représentation de Hal en tant qu'œil unique, est encore un masque. En assimilant Hal au cyclope de l'Odyssée, Kubrick veut nous faire croire que ce n'est pas Hal le héros. Cette désorientation participe à l'objectif final du réalisateur : nous angoisser. Mais aussi d'une certaine façon donner un indice sur le véritable sujet du film.

Quand Homère raconte l'histoire d'Ulysse il n'a aucune affection pour ce personnage. Homère est Romain. Les romains se considèrent les descendant des Troyens. Pour eux, Ulysse est un ennemi méprisable et rusé. Il est présenté comme tel. Et ce n'est que l'époque moderne, avec son culte du héros bénéfique, qui a affadie le personnage, transformant sa ruse en malice, et sa cruauté en intelligence.

Kubrick garde toute le vice de son Ulysse : Hal est rusé ET cruel. Comme l'était l'Ulysse d'Homère.

La semaine prochaine nous verrons, à partir de ces éléments, comment s'interprète la fin du film, et pourquoi elle ne nous provoque aucun enthousiasme et nous dérange tellement.






mercredi 27 mars 2013

Docteur Who en avait marre de retrécir ses gosses







Après avoir rétréci ses gosses, puis agrandi son bébé et avoir prit conscience que personne n'appréciait ses inventions l'ingénieur a quitté sa famille.

Il est parti à Londres. Il a construit le Tardis, où il continue ses expériences scientifiques. Elles tournent toujours aussi mal, et menacent, soit son existence, soit la terre entière, et il essaye encore de régler les problèmes qu'il provoque.

Comme il est recherché par un peu toutes les polices pour les dégâts commis, il se fait appeler "le docteur". Le nom de "Who" lui permet de répondre quand on l'appelle par l'homophonie avec son propre prénom : Wayne.
Et gamin, comme il l'est resté, il propage le mythe de cette nouvelle identité de "voyageur du temps" plus glorieuse que celle de Wayne Szalinski petit inventeur de province.
Il a amélioré le chien robot. Malheureusement l'invention a échappé à son contrôle, et revient tenter de se débarrasser de son créateur sous la forme des Daleks.

Lors d'une expérience sur le principe d'Heisenberg, il a construit une créature dont les électrons ralentissent jusqu'à une quasi immobilité quand ils sont observés. Dés que la créature n'est plus observée, sa vitesse s'accélère enfin, et de dépit, le Weeping Angel tente de tuer ceux qui l'empêchent de se mouvoir à vitesse normal.

Wayne/Who est toujours là, avec son tournevis, quand il y a un problème. Probablement parce qu'il l'a provoqué, et s'attache à le résoudre, comme avant quand ses inventions semaient la panique dans sa famille et son voisinage.

Le Tardis n'est pas plus grand à l'intérieur qu'a l'extérieur, c'est un non sens, que Wayne raconte à ceux à qui il le montre pour ne pas attirer l'attention sur lui. Car le Tardis est simplement une machine qui vous rétrécit quand vous passez sa porte. Et vous agrandit de nouveau quand vous sortez.

Mais si quelqu'un devait se rendre compte du fonctionnement de l'appareil ; Il se rendrait immédiatement compte de la véritable identité du prétendu "Docteur Who" : le scientifique Wayne Szalinski, célèbre pour avoir rétréci et agrandi tant de chose.