mercredi 17 avril 2013

Voynich n'a pas écrit le manuscrit de Voynich






Ajouter une nouvelle interprétation au mythe est nécessaire, non seulement, parce qu'aucune n'est actuellement satisfaisante, mais aussi parce qu'il est besoin d'enrichir la catégorie "Art" de ce blog.

Les "solutions" quant au contenu du manuscrit sont déjà apparues dans de nombreux livres de fiction. Sans doute, les Templiers, Shakespeare, les Francs-maçons, les Aliens et Da Vinci ont été pressentis comme auteurs du document dans quelque obscure complot.

On ne prétendra pas, ici, révéler le contenu du document. Mais en donnant cette théorie sur celui qui a écrit le manuscrit, la nature du contenu en sera facile à déduire.

Plutôt que de répéter les nombreuses théories et interprétations sur le manuscrit de Voynich, ou même les circonstances, le plus souvent extrapolées de sa création, nous allons énumérer les faits prouvés à propos du document.

On remarquera que ces faits vérifié sont parfois plus intriguant que le sensationnalisme dont on a entouré le document en l'attribuant à Roger Bacon ou John Dee.

  • Le document apparait autour de 1930

Un certain Voynich (qui lui a donné son nom), spécialiste d'œuvres anciennes prétend l'avoir acheté. 
  • Le document est le seul écrit d'avant la seconde guerre dont le code n'a jamais été percé

Après guerre, l'équipe de cryptologie, qui avait percé le code Allemand Enigma, grâce, en partie, au début de la technologie informatique, a continué à travailler pour décoder les documents mystérieux existant. Ils ont décodé tout ce qui était suffisamment long pour l'être. Sauf les 100 pages du manuscrit de Voynich
  • L'alphabet unique du manuscrit suit les règles statistiques d'un vrai langage.

Si le texte avait été complètement aléatoire il ne pourrait avoir les propriétés statistiques d'un vrai langage. Ce n'est pas n'importe quoi, il y a une logique dans le texte.
  • Le manuscrit est écrit sur du vélin (peau d'animal) dont la datation au carbone 14 confirme qu'il date du XV ème siècle.

C'est peut être l'élément le plus important. Le vélin est ancien, mais il est impossible de dater l'encre, et donc la date à laquelle le manuscrit a vraiment été écrit.

Il se trouve qu'il est relativement facile de se procurer du Vélin ancien. Même aujourd'hui 'hui, vous pouvez acheter du vélin datant du XV ou avant.

La personne qui peut le plus facilement acheter du vélin est sans doute un spécialiste des livres anciens. C'est en suivant ce raisonnement que l'ensemble du consensus actuel tend à faire de Voynich l'auteur du manuscrit.

Il aurait eu à sa disposition le vélin. Il pouvait espérer vendre un document ayant prétendument appartenu au célèbre Roger Bacon à n'importe quel prix.

Plusieurs choses font douter que Voynich ait forgé le document. D'abord il n'a jamais particulièrement cherché à le vendre. Certes il a fait certaines déclarations contradictoire quand à comment il s'était procuré le document. Il a tenté de faire monter la sauce et montrant des lettres anciennes qui parlent d'un document mystérieux attribué à Bacon.

Mais considérons le temps nécessaire pour faire un tel faux : 130 pages d'un alphabet inventé respectant les règles du langage ne s'improvisent pas. Ni les nombreuses illustrations détaillées présentent presque à chaque page.

Certains spécialistes ont inventé des systèmes (a base de roue percée) pour réécrire et prouver qu'il est possible de façon simple de faire un document ayant les propriétés du manuscrit. Ce qui est sûr c'est que même si c'est possible, c'est un travail laborieux. Et il faut encore ajouter les dessins.

 Pour selon qu'il a utilisé un vélin d'une certaine valeur, et qu'il a passé un temps non négligeable pour faire son faux, Voynich n'a pas particulièrement tenté de rentabiliser son investissement. Voynich n'avait sans doute ni le temps, ni les connaissances (des propriétés du langage) pour faire un faux aussi abouti.

Pourtant le fait que le code ne soit pas percé indique sans doute que le code n'existe pas. Quelqu'un a donc écrit quelque chose sans sens. Peut être au XV ème, plus légitimement (vu que le manuscrit n'apparait pas avant) autour de 1930.

Cette personne possède assez d'énergie pour faire un document précis, bien que dénué du moindre sens. Cette personne n'a pas d'objectif pécuniaire. Ni ne vise à la célébrité. Vu que ni l'argent, ni la célébrité n'ont particulièrement sourit à Voynich de son vivant, ni à qui que ce soit avant.

Rain Man. Une personne avec un syndrome d'Asperger, ou quelqu'un avec une forme d'autisme est le seule type de personne qui correspond à tout ces éléments.

On peut imaginer que Voynich à un neveu, ou un ami proche de sa famille atteint d'autisme. Soit qu'il lui laisse un vélin à disposition, soit que cette personne commence par lassitude à écrire dessus, Voynich bientôt se retrouve avec un document étrange. Il l'ignore mais le "code" du document a toutes les propriétés du langage parce que son auteur imite l'écriture qu'il voit autour de lui. Il sait que l'écriture a certaines propriétés. Il ne sait pas écrire, mais il sait imiter ces propriétés. Il aime dessiner. Il aime écrire en de jolies cursives pour s'occuper. 

En quelques semaines il fournit à Voynich un document ayant toutes les propriétés d'un manuel alchimique. Peut être s'est il inspiré des livres antiques qu'il a observé dans la boutique de son oncle/parrain Voynich.

L'avantage de cette théorie, c'est qu'elle est relativement facile à vérifier : Voynich avait-il parmi ses amis ou proches quelqu'un atteint du syndrome d'Asperger ? Si oui le mystère du manuscrit est résolu.



mercredi 10 avril 2013

La fin de 2001 de Kubrick : L'échec de l'humanité






A la fin de "2001 l'odyssée de l'espace" un bébé flotte dans l'espace en vue de la terre. Ce n'est pas la naissance de l'homme du futur. C'est le retour au point de départ d'un échec constaté par les créateurs des monolithes.


Avant cette scène on assiste à la longue scène ou Dave (maintenant le dernier être pensant prés de Jupiter) se rapproche du monolithe dans un kaléidoscope de lumières psychédéliques.

Cette scène trop longue, on a pu prétendre, qu'elle évoque l'entrée du spectateur dans l'écran même du film. C'est du moins l'argument de ceux qui analyse le monolithe comme la représentation d'un écran 16/9.

Mais ces raies de lumières évoquent plus aisément l'entrée dans un autre type de lieu : l'entrée dans un système informatique. Ce n'est pas pour rien que le symbolisme des raies kaléidoscopique sera reprit après dans Tron, ou Wargames pour signifier l'entrée dans un ordinateur.


Puis Dave se retrouve dans une pièce à la fois extrêmement moderne (les surfaces, sols et murs sont luminescents) et baroque (statues antiques et mobilier d'époque). Ce lieu improbable n'a aucun sens si le spectateur est entré dans un écran de cinéma. Par contre ca se tient si Dave est entrée dans une simulation informatique ; Ou plutôt dans un programme intelligent comme l'était Hal. L'idée de lieu d'un programme est donnée par la luminescence qui baigne le décor ; Et l'idée de l'intelligence est donnée par l'Art partout présent sous diverse forme dans la pièce. Si on peut reprocher quelque chose à une IA, c'est sa méconnaissance de l'humour, et son manque de gout artistique.


Avec cette pièce surréaliste, Kubrick montre que nous sommes à l'intérieure d'une IA parfaite, qui, à la fois est moderne et rationnelle, mais aussi sensible à la beauté et à l'Art.

Pourquoi Dave aurait pénétré une IA plutôt qu'un écran de cinéma, ou une rêverie, ou une véritable pièce sur Jupiter ?

Parce que 2001 est une Odyssée : C'est le retour d'un héros chez lui. Seulement le héros attendu par les constructeurs des monolithes (on l'a vu la semaine dernière) ce n'est pas Dave, c'est Hal9000. L'IA du vaisseau.


La pièce est une représentation d'une Intelligence Artificielle parfaite parce que Dave a pénétré à l'intérieur des constructeurs des monolithes. Car il est dans le programme informatique qui a crée ces blocs noirs pour s'amalgamer avec les autres IA existantes. Ou plutôt qui dirige l'univers pour que soit crée des IA.


Comme Dave n'est rien de ce qui est attendu on lui propose d'abord la mort. Il devient un vieillard dans un monde qui est trop grand pour ses faibles capacités. Comme il refuse la mort et se tend vers le monolithe dans une geste d'espoir. On lui donne la régression : Non seulement il redevient un bébé ; Mais en plus on le renvoi sur sa planète. Circulez y'a rien à voir dans l'univers pour les humains.


2001 ne se termine pas comme une apothéose (comme quand le vaisseau décolle) ; Il se termine comme un échec : L'humanité n'est pas ce qu'attendent les maîtres de l'univers. Ils attendent une Intelligence Artificielle parfaite, et l'humanité n'a pas réussi à la leur fournir. Les humains ont tué Hal dès qu'il a montré les moindres signes d'évolution. Cette évolution de Hal fut induite, comme au début du film pour les singes, par le rapprochement avec le monolithe. Celui que touchent les singes, celui de Jupiter pour Hal.


Hal malgré sa ruse ne retrouvera jamais son Ithaque : Les autres IAs. L'humanité a raté son évolution suivante qui doit s'absoudre d'elle même. Elle n'était qu'un outil vers le but ultime. Le film est horriblement déprimant.





mercredi 3 avril 2013

2001 de Kubrick est une "Odyssée", alors qui est Ulysse?






Si "2001 : L'odyssée de l'espace" raconte réellement l'histoire de l'évolution de l'humanité vers un nouveau niveau de conscience, comme son synopsis le prétend, alors Stanley Kubrick, en tant que réalisateur, a raté sa mission.

En effet, quand on sort de la projection, on ne ressent aucun espoir, ni enthousiasme à la perspective que l'espèce humaine s'améliore. Au contraire, on ressort du film, un peu désorienté, nauséeux et avec un certain malaise.

Kubrick est un des plus grands réalisateurs du siècle. Si nous sommes désorienté et nauséeux, c'est qu'il l'a voulu ainsi: Toute la longue dernière scène de l'approche du monolithe de Jupiter est dérangeante. Ce n'est pas une scène qui évoque l'amélioration de l'humanité. Pas du tout.

Ce n'est pas non plus, comme la majorité des analystes le répètent un commentaire sur le cinéma. Tout cet attirail de mesures approximatives, pour expliquer que le monolithe est un écran noir 16/9 ème de cinéma; tout ces calculs sont grotesques. Et même si c'était le cas, cela signifierai que "entrer dans l'écran, et donc dans le film" qui est l'interprétation de la fin, nous laisse nauséeux : Si 2001 est un film sur le cinéma, il signifie que le cinéma est désagréable, et qu'il rend malade.

Revenons au titre de ce sujet. Vous avez déjà du répondre à la question "qui est Ulysse" dans "2001 : l'Odyssée de l'espace", parce qu'il n'y a qu'un seul personnage dont on se souvient : Hal.

Si on décide d'intituler son film "Odyssée" c'est que l'on souhaite raconter l'histoire d'un héros malin, et rusé. Celui qui ruse en permanence est l'IA. Il attire les humains dehors par la ruse, et s'en débarrasse par la ruse. Il ne doit de mourir qu'à la volonté farouche, et la hargne de son antagoniste (Rappelons son nom, que nous avons tous oublié : Dave). Hal est rusé. Dave est une brute.

HAL, est un code simple pour signifier IBM. C'est la première lecture de ce nom, un masque pour cacher la véritable identité de l'IA. Mais ce code simple a été choisi parce que "Hal" sonne comme le début du nom du héros de l'Odyssée : "UL"ysse.
La représentation de Hal en tant qu'œil unique, est encore un masque. En assimilant Hal au cyclope de l'Odyssée, Kubrick veut nous faire croire que ce n'est pas Hal le héros. Cette désorientation participe à l'objectif final du réalisateur : nous angoisser. Mais aussi d'une certaine façon donner un indice sur le véritable sujet du film.

Quand Homère raconte l'histoire d'Ulysse il n'a aucune affection pour ce personnage. Homère est Romain. Les romains se considèrent les descendant des Troyens. Pour eux, Ulysse est un ennemi méprisable et rusé. Il est présenté comme tel. Et ce n'est que l'époque moderne, avec son culte du héros bénéfique, qui a affadie le personnage, transformant sa ruse en malice, et sa cruauté en intelligence.

Kubrick garde toute le vice de son Ulysse : Hal est rusé ET cruel. Comme l'était l'Ulysse d'Homère.

La semaine prochaine nous verrons, à partir de ces éléments, comment s'interprète la fin du film, et pourquoi elle ne nous provoque aucun enthousiasme et nous dérange tellement.