mercredi 8 mai 2013

L'histoire du "Black Freighter" de Watchmen sert à racheter Ozymendias




Dans la bande dessinée Watchmen d'Alan Moore, un des personnages secondaire lit une bande dessinée : L'histoire du Black Freighter.

Dans l'univers de la BD ou les super-héros existent vraiment, les gens ne lisent pas des comics de super héros. Ils lisent des comics à propos de pirates.


Cette BD de pirate à l'intérieur la BD est très longue. Elle est surprenante parce qu'elle n'a aucun rapport, même lointain, avec l'histoire principale. Elle ne souligne aucuns des thèmes principaux. Dans la version cinéma de la BD, l'histoire du Black Freighter a disparue. Bien qu'elle ne participe pas à l'histoire les fans ont été déçus de ne pas voir cette BD fictive. Parce que, même si elle ne précise rien sur l'histoire, notre cerveau enregistre ce que cette histoire de pirate raconte. Et c'est primordial dans l'expérience que Watchmen nous procure.


Dans notre monde, les histoires de super-héros sont une sorte de miroir des angoisses de la société. Alan Moore le sait. Il en joue.

Ce que révèle notre gout pour les histoires de super-héros, c'est que nous sommes dans un monde sans justice. C'est pour cela que nous apprécions que des surhommes soient des justiciers. Un monde ou l'individualité est nié au profit du collectif. C'est pour cela que nous apprécions des histoires ou des individus sortent de l'ordinaire. Nous nous sentons incapable d'agir sur notre entourage, c'est pour cela que nous apprécions des êtres avec des superpouvoirs.

Ce sont des lieux communs. Ce sont des idées que l'on peut facilement avoir, disposant d'une littérature abondante analysant notre rapport aux super-héros. Moore le sait. Dans l'univers de Watchmen. Les super-héros sont remplacés par des pirates.


Parce qu'un monde ou les histoires de Pirates sont à la mode est complètement différent :

C'est un monde ou la justice est tellement parfaite, que l'on a envie de s'évader en suivant des histoires de hors la loi sans moral. Ce monde a maitrisé les forces néfastes de la nature, au point que ses habitants s'extasient sur des histoires de tempêtes meurtrières et de requins tueurs. Contrairement aux comics de super-héros, les dérangements familiaux ne sont pas des histoires secondaires dans ces comics de pirate. Au contraire, la vie familiale est tellement riche et valorisante, que jamais elle n'est représentée dans Black Freighter. Elle sert juste de but ultime : Le héros veut juste sauver sa famille dont il sait que le bateau pirate va détruire la ville.


Un monde ou Black Freighter est une BD à la mode est un monde bien plus parfait que ne le sous-entend l'histoire normale de la BD. Ce n'est pas un monde au bord de l'explosion nucléaire. Ce n'est pas un monde plein de danger et de criminels. Au contraire, un monde ou l'on se passionne pour des histoires de pirates ultra violentes est un monde paisible, en harmonie, plein de justice et de familles épanouies, ou la nature n'est jamais menaçante.


Et c'est ce monde, plus parfait que celui que décrit le reste de la BD, qu'Ozymendias a tenter de sauver. Sans la BD de pirates, les motivations d'Ozymendias sont grotesques : Sauver un monde sombre et décadent n'en fait pas un méchant crédible. Mais si le monde est quasiment parfait, alors Ozymendias est moins caricaturale qu'il ne semble. Surtout, Rorschach est encore plus la magnifique crapule que l'on adore : Il détruit, même un monde idyllique, juste pour respecter un principe de justice sans compromis.





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